Guinée: Coup de frein à l'orpaillage pour favoriser l'agriculture et la restauration de l'environnement

Suthep Kritsanavari
"Orpaillage, environnement et agriculture : la Guinée cherche un compromis", 30 mai 2024
La Guinée a décidé d’interdire momentanément l’exploitation artisanale de l’or et du diamant à partir du 1er juin 2024. La mesure...aurait été prise pour « les besoins de la campagne agricole en cours, de la restauration écologique et en vue d’éviter les risques d’éboulement des terres ».
Cette décision...met en lumière l’un des problèmes récurrents du secteur de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE), aussi bien en Guinée que dans d’autres pays africains. Il s’agit de l’utilisation de substances toxiques dans l’extraction et le traitement des minerais, notamment l’or. Selon un rapport du ministère guinéen de l’Environnement, ce sont par exemple 42,08 tonnes de mercure, produit réputé toxique, qui ont été utilisées en 2018 dans l’EMAPE, afin de produire 32,36 tonnes d’or.
« Dans les zones d’EMAPE spécifiques d’utilisation du mercure, les principales maladies touchant les artisans miniers sont : la silicose, la tuberculose pulmonaire, la pneumonie et la bronchite, les maladies rénales, les douleurs articulaires, les attaques cardiovasculaires », indique le rapport.
Les auteurs précisent aussi que « l’accroissement incontrôlé des activités de l’EMAPE » a entrainé une réduction de terres cultivables d’environ 30 à 40 % et une diminution de la population agricole au profit de l’exploitation minière artisanale de l’or...
La Guinée a pourtant adhéré en 2013 à la Convention de Minamata qui prévoit l’élimination de l’utilisation du mercure dans l’EMAPE, afin de protéger l’environnement et la santé des populations des conséquences de ce produit. Comme d’autres producteurs africains d’or, le pays a pourtant du mal à éliminer l’usage de ce produit dans l’exploitation minière artisanale.
Troisième producteur africain d’or en 2022, le Mali fait aussi face à l’utilisation du mercure dans le secteur minier, ainsi qu’à ses conséquences néfastes. Selon une étude réalisée au Mali en 2018/2019, 33,3 t/an de mercure sont utilisées dans le secteur de l’EMAPE d’or. Utilisés dans plus de 80 % des sites miniers, les produits toxiques ont un impact sur l’environnement et la qualité de vie des populations.
« Les risques pour l’environnement recensés sur les sites miniers sont en grande partie liés à l’usage de produits chimiques, tels que le mercure et le cyanure, qui affectent la faune, la flore, les ressources hydriques, le sol et l’air », explique un rapport conjoint du ministère malien de l’Environnement, d’ONU-Environnement et de l’Artisanal Gold Council...