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Article

8 avr 2025

Auteur:
Florian Blumer, Public Eye

Italie: Montblanc et Richemont mis en cause pour violations des droits des travailleurs, incl. les co. de Richemont

" Conflit social chez Montblanc : « Nous ne sommes pas des marchandises jetables »" 8 avril 2025

[...] Montblanc est une marque, ou plutôt une « maison », comme elle se décrit, appartenant à Richemont, deuxième plus grand groupe de luxe au monde. 

En 2024, l’entreprise, basée à Bellevue, à côté de Genève, a enregistré un chiffre d’affaires de 22,4 milliards de dollars US et 2,6 milliards de bénéfices. En janvier dernier, le groupe suisse a annoncé les meilleurs résultats trimestriels de son histoire. Selon ses propres déclarations, Richemont ne se soucie pas seulement de générer des profits pour ses actionnaires, mais aussi du respect des lois et des droits humains, y compris chez ses fournisseurs. C’est du moins ce qu’affirme son « Code de conduite fournisseurs », disponible sur le site internet du groupe.

Un privilège, donc, d’avoir les moyens de s’acheter un sac en cuir vendu par le groupe Richemont, mais aussi de travailler à sa fabrication ? Ce n’est pas l’avis de Muhammad Arslan et Hassan Ali, qui dénoncent des conditions de travail peu concevables en plein cœur de l’Europe. Nous avons rencontré ces ouvriers et anciens collègues, tous deux âgés de 27 ans et originaires du Pakistan, dans les bureaux du syndicat local Sudd Cobas, au centre de Prato, à une dizaine de kilomètres de Florence. Avant leur licenciement, ils travaillaient chez Z Production, un fournisseur de Richemont détenu et dirigé par des Chinois – comme c’est le cas de bon nombre des milliers d’usines textiles ou de maroquinerie de la région.

Au total, environ 70 personnes travaillaient dans cette usine, qui abrite également une entreprise sous-traitante, Eurotaglio. Selon le syndicat Sudd Cobas, celle-ci serait largement intégrée à la société Z Production et semblerait en fait appartenir au même propriétaire.  

La plupart des employé·e·s étaient originaires du Pakistan, d’Afghanistan ou de Chine. Ce site produisait exclusivement des articles en cuir pour Montblanc, selon les informations données par des travailleurs et le syndicat. Arslan et Ali faisaient partie du « Star Department », chargé d’apposer sur les sacs les emblèmes Montblanc. [...]

Muhammad Arlsan nous a montré son contrat de travail chez Z Production, daté du 12 juillet 2019, alors qu’il était déjà employé par l’usine depuis deux ans environ. La raison de ce nouveau contrat : un changement de nom de l’entreprise – une pratique habituelle en Italie en cas de problèmes avec les autorités. Selon ce contrat, d’une durée déterminée de trois ans, le jeune homme était employé en tant qu'« apprenti à temps partiel ». Les horaires de travail y sont indiqués sous forme de tableau : du lundi au vendredi, de 8h à 14h, soit 30 heures
par semaine.  Mais selon Arslan, la réalité était toute autre : « On devait travailler jusqu’à huit heures du soir, soit douze heures par jour, avec une demi-heure de pause seulement et ce, six jours par semaine. On ne pouvait pas non plus prendre des vacances. » Les heures qui dépassaient celles prévues par le contrat étaient rémunérées à hauteur de quelques centaines d’euros en liquide, mais après d’autres déductions, son salaire s’élevait à 900-1000 euros par mois – soit environ 3 euros de l’heure. Arslan résume ainsi son quotidien : « Je ne vivais que pour travailler. Quand on passe autant de temps à l’usine, on arrive même plus à faire des courses ou à laver ses vêtements. » [...]

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