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16 Avr 2018

Auteur:
Jérôme Duval, Observatoire des multinationales (France)

Privatisation: Chassée du Gabon, Veolia saisit une nouvelle fois l’arbitrage international

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Le Gabon, après vingt ans de privatisation de son eau et son électricité au profit de Veolia, vient de décider de se débarrasser unilatéralement de la multinationale française. S’il est difficile d’établir les torts respectifs de Veolia et du gouvernement gabonais, leurs relations ayant toujours été marquées par la connivence et le secret, une chose est sûre : le groupe français a décidé une nouvelle fois, après l’avoir fait contre l’Argentine, l’Égypte ou encore la Lituanie, de saisir un tribunal arbitral international – ces structures opaques chargées, notamment dans le cadre de traités d’investissement, de défendre les intérêts des multinationales face aux États...Depuis la privatisation de 1997, l’entreprise française Veolia jouissait d’un monopole absolu sur la distribution de l’eau et de l’électricité au Gabon, via sa filiale SEEG (Société d’Énergie et d’Eau du Gabon), détenue à 51%...le 16 février dernier, l’État gabonais rompt la concession qui le liait au groupe privé français, procédant immédiatement à la réquisition de la SEEG. La concession avait pourtant été renouvelée pour cinq ans en mars 2017, mais les négociations ont fini par échouer...Veolia et l’État gabonais se partagent probablement la responsabilité de la dégradation de la situation...Se disant offusqué par la décision du Gabon, le groupe français a dénoncé une « grave violation des règles de droit », et se dit « victime d’une expropriation brutale de la part de l’État gabonais ». Le 8 mars dernier, Veolia, via sa filiale la SEEG, a déposé une demande de recours auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), officine de la Banque mondiale...D’après Mays Mouissi, analyste économique gabonais, le mécontentement de la population est justifié : « Des quartiers entiers de Libreville et de sa proche banlieue peuvent être privés d’eau pendant deux semaines sans que ne soit enregistrée une baisse du montant à payer sur la facture. Veolia fait payer aux usagers des poteaux électriques à plusieurs millions FCFA quand ces derniers veulent se raccorder à son réseau puis s’en attribue unilatéralement la propriété, il faut parfois attendre plus de 6 mois entre la demande d’un compteur (d’eau ou d’électricité) et la pose ». L’activiste et environnementaliste gabonais Marc Ona Essangui cite notamment la gigantesque coupure d’électricité qui a plongé Libreville dans le noir juste au moment du réveillon de la saint Sylvestre, le 31 décembre dernier. Il estime que le groupe français Veolia et sa filiale soumettent les gabonais à un esclavagisme déguisé. « Nous devons nationaliser la SEEG, mettre les moyens, mettre les Gabonais à la tête de la SEEG. On est quand même en 2018 ! », s’exclame un Gabonais au moment de la nomination d’un nouveau directoire provisoire de la SEEG...Activiste de l’association Survie et du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (Cadtm), Régis Essono lutte pour un audit citoyen de la dette publique du Gabon. Il fait part de sa préoccupation :« Les populations gabonaises risquent d’être les grands perdantes de ce combat. Déjà, elles constatent que le service est toujours aussi catastrophique malgré le départ de Veolia. Surtout, au vu des éléments dont nous disposons pour le moment, je ne vois pas comment Veolia pourrait perdre le combat juridique et ne pas obtenir un très lourd dédommagement, qui privera encore plus les populations gabonaises de ressources dont elles sont déjà très largement spoliées et privées par leurs dirigeants. »

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