Cameroun: les tensions persistent entre les communautés et Socfin pour le contrôle des terres agricoles, avec les commentaires de l'entreprise
"Au Cameroun, les tensions persistent entre les communautés et Socfin pour le contrôle des terres agricoles", 25 juiller 2025
Les communautés du village Mbimbè, situé dans la partie littorale du Cameroun, s’opposent au renouvellement d’une plantation de palmier à huile, sur une parcelle de 250 hectares (617 acres). Une manifestation contre une replantation sur ce domaine a eu lieu le 14 juillet 2025, dans le village, et a été fortement réprimée par les forces de sécurité camerounaises, avec à la clé des arrestations de quelques villageois, relaxés quelques jours plus tard...
« Ils nous ont embarqué, mes enfants et moi, dans un camion de la SOCAPALM (Société camerounaise des palmeraies) en direction de Dizangué ; ils nous ont emprisonnés au commissariat pendant trois jours ; chaque jour, ils fouettaient les enfants sur la plante des pieds … ».
Ce témoignage est de Pierre Minkeng, l’une des personnes interpellées le 14 juillet 2025, par les forces de sécurité camerounaises, lors d’une manifestation des membres de la communauté de Mbimbè, un village perdu dans les plantations de palmiers à huile de la SOCAPALM, dans la partie littorale du Cameroun...
Ils avaient été arrêtés, alors qu’ils essayaient de s’opposer, à une opération de replanting/renouvellement d’une plantation de la SOCAPALM, filiale de la holding luxembourgeoise, la Société financière des caoutchoucs (Socfin), sur des terres disputées par cette société et les villageois. Quelques jours plus tard, ils ont été libérés...
À Mbimbè, les habitants revendiquent la rétrocession d’au moins 250 hectares de terres, exploitées par la SOCAPALM depuis 1972, conformément au bail emphytéotique conclu entre l’État du Cameroun et la société en 2005. Selon la Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun (Synaparcam)...la SOCAPALM n’est plus en droit d’exploiter ces terres aux confins du village, et devrait les rétrocéder aux communautés...
Socfin, par la voix d’un de ses porte-paroles, explique...que « ces terres ne sont plus occupées, ni exploitées par la SOCAPALM. La parcelle sur laquelle se sont déroulés les récents incidents (à Mbimbè), n’a donc aucun lien avec celles destinées à la rétrocession ».
[Le] Sous-Préfet de Dizangué, l’autorité administrative compétente dans la localité, explique...que « la SOCAPALM n’a pas le droit de leur céder des terres. Elle n’a pas de titre foncier sur les terres, c’est une concession qu’elle loue. C’est le titre foncier de l’État. Je leur ai dit d’écrire au ministre....mais ils se sont entêtés à aller détruire les plants mis en terre par la SOCAPALM »...
Socfin ajoute par ailleurs qu’il existe un protocole d’accord, signé le 23 mars 2025, entre la SOCAPALM et la communauté de Mbimbe, stipulant que la communauté ne s’opposerait pas au renouvellement des plantations de Mbambou. Ce protocole, signé par [le]...chef du village Mbimbè en qualité de représentant de sa communauté, est contesté par une partie des villageois, au motif que « le chef l’a signé à l’insu de sa population », dit Essonga...
Socfin soutient que la réponse aux revendications foncières, notamment la rétrocession des terres aux communautés, relève de la compétence du gouvernement camerounais...