Afrique du Sud: Des ONG dénoncent les dégâts environnementaux et humains des aciéries et mines d'ArcelorMittal qui rejette les accusations
"Des ONG dénoncent les dégâts environnementaux et humains des aciéries et mines d'ArcelorMittal", 27 avril 2025
Dans les plus grosses aciéries d'Afrique subsaharienne, près de la ville de Johannesburg en Afrique du Sud, 2,8 millions de tonnes d'acier liquide ont été produits l'année dernière. Mais pour fonctionner, ces usines brûlent d'énormes quantités de charbon et des fumées toxiques polluent la région, explique Leanne Govindsamy, du Centre pour les droits environnementaux : « Les habitants vivent avec des taux de pollution assez dangereux, y compris de sulfure d'hydrogène qui a l'odeur d'œufs pourris. Même à faible concentration, ce gaz peut causer des maux de tête, des irritations des yeux et des poumons et des problèmes neurologiques ou de reproduction... Sans parler des émissions de gaz dus à l'utilisation de charbon et qui causent le réchauffement climatique. »
Les taux de pollution dépassent les normes internationales et en plus de l'air, le sol et l'eau sont aussi contaminés par des déchets. « Quand on a une industrie qui opère depuis des décennies avec ce degré de pollution, dans une zone où les gens vivent déjà dans la pauvreté et font face à tant d'inégalité, les efforts de compensation ne sont pas suffisants pour les communautés », poursuit l'experte.
ArcelorMittal a déjà été condamné en 2016 à une amende de près de 220 000 dollars à cause des trop fort taux d'émission de sulfure d'hydrogène. Mais selon les ONG, dans la « vallée de l'acier », la pollution continue...
Au Liberia, les populations trinquent autour des mines. Les aciéries ne sont pas les seules à avoir un impact sur l'environnement. Les mines d'où les composants du métal sont extraits sont également une source de pollution. Et ArcelorMittal est accusé par les ONG de ne pas respecter les droits des populations dans d'autres pays, comme au Liberia.
Pour faire valoir ces droits, John Brownell, militant écologiste, est parti à la rencontre des banques européennes qui financent ArcelorMittal avant l'assemblée générale du groupe qui doit avoir lieu ce lundi 29 avril au Luxembourg. « Autour des mines au Liberia, les communautés locales sont très affectées par les activités d'ArcelorMittal, explique-t-il. La population accuse l'entreprise d'accaparer les terres qui leur appartiennent. ArcelorMittal a mis en place des zones tampons sans consultation en interdisant aux communautés d'accéder à leurs champs au-delà de ces zones. Et cela entraîne de la pauvreté, car ce sont les seuls moyens de subsistance de ces gens. »
Autre dommage pointé par le militant : la dizaine de barrages construits par l'aciériste : « L'eau des barrages doit être utilisée dans les usines de transformation pour laver le minerai de fer qui arrive de la montagne. Mais ils ont inondé des terres habitées pour cela qui se retrouvent perdues. » « Mais ce qui affecte le plus les communautés locales, poursuit John Brownell, c'est la brutalité policière. Dès qu'il y a des manifestations, il y a une énorme présence policière, qui attaque, harcèle, arrête et intimide les habitants. »...
ArcelorMittal a répondu aux associations dans un courrier en assurant que « ArcelorMittal prend ses responsabilités en termes de développement durable et social très au sérieux ». En Afrique du Sud, elle assure être transparente avec les ONG et rappelle qu'un plan de décarbonation est en place. Au Liberia, ArcelorMittal rejette les accusations de violations de droits humains et assure que des plans de réparation des sols et des eaux sont en place. Que des formations sur les droits humains sont obligatoires pour toutes les forces de sécurité qui opèrent dans la zone. « Si jamais il y a des bavures, elles sont signalées au commandement », assure l'entreprise.