RDC: Les Etats-Unis condamnent le trafic illégal des ressources minières du pays
"Les USA condamnent le trafic illégal des ressources en RDC", 21 février 2025
Dorothy Shea est la chargée d’affaires par intérim de la mission des Etats-Unis aux Nations unies. Et devant le Conseil de sécurité, elle n’a pas mâché ses mots.
"Nous avons été témoins du chaos que sème le M23 et des violences brutales auxquelles il se livre contre les civils dans les rues de Masisi, de Goma et maintenant de Bukavu – le tout sous le couvert fallacieux de la libération ou du rétablissement de l’ordre", a déclaré la diplomate américaine.
D’après Dorothy Shea, il existe des preuves de contrebande des minerais dits 3T (étain, tungstène et tantale) qui sont introduits en contrebande dans les chaînes d’approvisionnement internationales, y compris à travers les pays voisins.
Quelques heures après cette allocution, le Trésor américain a sanctionné James Kabarebe, ministre d'État rwandais chargé de l'intégration régionale pour son rôle dans le soutien apporté par le Rwanda au M23...
Pour le politologue Jean Claude Mputu, cette déclaration de l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies vient confirmer ce que de nombreux rapports internationaux ont mis en évidence ces dernières années : le lien entre le conflit dans l’Est de la RDC et le trafic des ressources minières. Mais aujourd’hui, les déclarations ne suffisent plus, estime-t-il : il faut mettre en place des sanctions et des mesures qui empêchent ce trafic.
"Les premières sanctions prises contre Monsieur Kabarebe et le porte-parole du M23 vont sans doute dans ce sens-là mais ça ne suffit pas. Il faut que tous les acteurs concernés soient sanctionnés mais il faut aussi que les sanctions ne viennent pas uniquement du gouvernement américain. Les sanctions doivent venir aussi des Européens, des Nations Unies, le gouvernement congolais doit aussi sanctionner ceux qui dans le pays sont responsables ou participent à ce trafic illégal des minerais et à ce pillage des ressources de la République Démocratique du Congo. "
D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), plus de 21 millions de personnes avaient déjà besoin d'aide humanitaire en RDC, avant la dernière escalade de la crise dans les Kivus. L’Ocha précise que c’est l'un des chiffres les plus élevés au monde.
En RDC, environ un million de personnes ont déjà cherché refuge dans les pays voisins et l’escalade de la violence dans l'est du pays menace d'aggraver la crise.
Mais les conséquences du conflit ne sont pas qu’humanitaires, rappelle Jean Pierre Okenda. Le directeur exécutif de l’ONG "La sentinelle des ressources naturelles", déplore le fait que l’impact au niveau de l’environnement soit très peu pris en compte.
"Dans les conditions actuelles d’exploitation illégale, aujourd’hui, il est extrêmement difficile de démontrer une exploitation responsable dans les conditions des guerres de rébellion, difficile d’établir des responsabilités et démontrer dans quelles mesures l’environnement est protégé. "
Jean Pierre Okenda ajoute qu’il est impératif de s’intéresser à tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement, jusqu’aux consommateurs. Il met un accent particulier sur la Chine...