Télécharger : Résumé exécutif
Publié le 1er juillet 2025
Sur cette page...
Sortir de la crise climatique exige une hausse sensible de la production d’énergie renouvelable : d’ici 2030, la capacité installée de production d'électricité basée sur les énergies renouvelables doit tripler. La capacité solaire et éolienne doit représenter 85% de cette expansion si nous voulons éviter une catastrophe climatique. Pour soutenir ces technologies énergétiques grandes consommatrices de minéraux, l’extraction des minéraux de transition doit également continuer à augmenter sur le même rythme. Mais, tout au long de cette chaîne de valeur des énergies renouvelables – de l’extraction des minéraux aux nouvelles installations énergétiques – les risques sont nombreux en matière de droits de l’homme pour les entreprises et les investisseurs : dégradation environnementale, impacts sur les moyens de subsistance, les terres des Peuples et communautés autochtones, et le droit à la consultation des communautés, attaques contre les défenseurs des droits de l’homme (DDH), de même que les violations des droits du travail. Les Peuples autochtones, les autres communautés et travailleurs en première ligne s’opposent à cette approche, et se tournent avec une fréquence redoublée vers les tribunaux pour exiger une transition énergétique fondée non sur les abus, mais sur une prospérité partagée, des négociations équitables, et un devoir de vigilance pour les droits humains et environnementaux de ceux qui sont directement touchés par la transition énergétique à l’échelle mondiale.
Pour cette année, l’analyse de l’Outil de Suivi des litiges en matière de transition juste (l’Outil de suivi) du Centre de Ressources sur les Entreprises et les Droits de l’Homme révèle la tendance à la hausse des litiges en matière de transition juste. En 2025, l’Outil de Suivi répertorie un total de 95 procès initiés dans le monde depuis 2009, intentés par des Peuples autochtones, d’autres communautés en première ligne, des DDH, et des travailleurs du monde sur la base de la protection de leurs droits de l’homme dans le contexte de la transition énergétique, dans la chaîne de valeur des énergies renouvelables. Les litiges en matière de transition juste augmentent également : nous avons identifié 17 plaintes déposées en 2024 – soit une hausse en comparaison avec les années précédentes (dix plaintes de notre Outil de Suivi ont été déposées en 2023, et 13 en 2022).
Parmi les principales conclusions sur la base des 95 procès répertoriés, retenons les suivantes :
- Tandis que l’Outil de Suivi répertorie les plaintes déposées à travers la chaîne de valeur, l’extraction de minéraux de transition demeure le secteur qui enregistre la majorité des procès, soit plus de 70% (67 cas) du total des procès répertoriés dans l’Outil de Suivi.
- Les Peuples autochtones ont déposé presque la moitié des plaintes (47% - 45 cas). Et dans près de la moitié des cas répertoriés (49% - 47 cas) les plaignants affirment une violation alléguée des droits des Peuples autochtones, dont, dans 33% (31) des cas, leur droit à un consentement libre, préalable et éclairé (CLPE).
- Les préjudices les plus frappants dans les projets touchent l’environnement dans 70% (67) des cas répertoriés, l’eau (56% - 53 des cas) et autres 48% (46) des cas liés aux conséquences néfastes des projets sur les moyens de subsistance des communautés, et 40% (38) à leur impact sur les zones protégées telles que les territoires sacrés des Peuples autochtones, les pâturages, les sites de patrimoine agricole ou les parcs nationaux.
- L’Amérique latine et les Caraïbes demeuraient la région qui enregistrait le plus grand nombre de cas d’abus (53% - 50 cas), suivi de l’Amérique du Nord (16% - 15 cas), l’Afrique (11% - dix cas), l’Europe (9% - neuf cas), l’Asie (8% - huit cas), et l’Australie et l’Océanie (3% - trois cas).
- Dans 65% (62 cas) des cas répertoriés dans l’Outil de Suivi, les plaignants ont demandé l’arrêt temporaire ou permanent du projet. Dans 40% (25) de ces cas, le tribunal a tranché en leur faveur, et 50% (13) de ces affaires sont maintenant classées.
Ces conclusions démontrent un risque accru dont les entreprises et investisseurs doivent tenir compte dans leur recherche de profits dans la course vers une transition énergétique indispensable. Le fait de ne pas adopter une approche axée sur les droits de l’homme tout au long des cycles de vie de projet peut entraîner des dommages financiers et de réputation, des retards de projet, et une rupture des chaînes d’approvisionnement de ressources essentielles, à mesure que les détenteurs se tournent vers les tribunaux. Et les institutions judiciaires du monde réagissent, notamment à travers la récente jurisprudence au Brésil sur les droits des Peuples autochtones pour contrôler les bénéfices financiers des projets hydroélectriques et en Finlande où les tribunaux ont décidé que le projet de parc éolien d’EPV Tuulivoima Oyn n’a pas respecté les obligations légales en matière de sauvegarde des moyens de subsistance traditionnels. Le rôle crucial des droits de l’homme, la confiance du public, et la responsabilité juridique dans la réalisation d’une transition qui soit non seulement rapide, mais fondamentalement juste n’a jamais été aussi clair.
Recommandations aux entreprises et investisseurs
Entreprises
Devoir de vigilance des entreprises en matière de droits de l’homme
- Entreprendre une diligence raisonnable rigoureuse en matière de droits de l’homme et d'environnement d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur, en prêtant une attention particulière à l'accès aux recours par le biais de la mise en place de mécanismes de plainte efficaces au niveau opérationnel pour les personnes subissant au premier chef une incidence négative du projet.
- Les entreprises spécialisées dans les énergies renouvelables devraient adopter des politiques responsables en matière d'approvisionnement en minéraux et collaborer de manière effective avec les acteurs du secteur minier en amont afin de garantir des opérations axées sur les droits de l’homme par les entreprises engagées dans l’extraction de minéraux de transition.
Négociations justes
- Respecter et rendre compte publiquement des consultations, de la collaboration et des négociations de bonne foi avec les détenteurs de droits, en prêtant une attention particulière à ceux qui sont exposés à un risque accru de vulnérabilité ou de marginalisation, avant la prise de décisions d'investissement et pendant les opérations, et s'engager à ne pas considérer l'opposition publique comme étant des plaintes hasardeuses ; s'assurer que cela englobe le rôle des partenaires commerciaux.
- Adopter et mettre en œuvre concrètement des politiques s'engageant à respecter les droits des Peuples autochtones, y compris leur droit de donner ou de refuser leur CLPE - que des réglementations nationales soient en vigueur ou non.
- Adopter et mettre en œuvre des engagements de politique publique qui reconnaissent le rôle précieux des DDH, tiennent compte des risques spécifiques auxquels ils sont confrontés, garantissent un engagement et une consultation efficaces avec les DDH à tous les stades du processus de diligence raisonnable, et s'engagent à une tolérance zéro pour les représailles dans l'ensemble des opérations, des chaînes d'approvisionnement et des relations d'affaires de l'entreprise.
Prospérité partagée
- Repenser les approches de conception des projets afin d'inclure et d'autonomiser de manière significative les Peuples autochtones, les communautés en première ligne, les travailleurs et les syndicats, et renforcer le soutien aux projets. En particulier, élaborer et mettre en œuvre des modèles économiques justes et équitables avec une approche de partage des bénéfices, notamment par le biais de la cogestion, de la propriété et de la coopération, fondés sur les droits, qui traitent à la fois des droits processuels et substantiels, et qui soient adaptés aux priorités et besoins locaux.
Investisseurs
- Soutenir publiquement à la fois les législations existantes et celles émergentes relatives à la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme, d'environnement et de responsabilité des entreprises, ainsi que les cadres de partage des bénéfices.
- S'engager à investir dans des projets d'énergies renouvelables et de minéraux de transition respectueux des droits de l’homme et de l'environnement après avoir entrepris une évaluation des risques et impacts des entreprises bénéficiaires sur ces questions.
- Élaborer des politiques concernant les modèles de propriété et d'investissement privilégiés qui favorisent le partage des bénéfices en faveur des communautés et des travailleurs.
D'autres recommandations pour une pratique plus forte en matière de droits de l’homme des entreprises et des investisseurs dans la transition énergétique sont également disponibles ci-dessous, dans la rubrique « Plus de ressources ».
« Le monde sous-estime encore les risques climatiques... Il est absolument essentiel d'agir maintenant… [et] de réduire de manière drastique les émissions maintenant » a averti António Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies, en prélude à la COP29 l'année dernière.
L’Outil de Suivi répertorie les litiges en matière de transition juste portés par des détenteurs de droits en utilisant des arguments relatifs aux droits de l’homme pour contester « la distribution inéquitable des bénéfices et charges » associés à la transition des combustibles fossiles vers zéro émission nette. Les 95 cas à l’échelle mondiale répertoriés dans l'Outil de Suivi élargi de cette année ciblent les entreprises qui entreprennent, et/ou les États qui autorisent, l'extraction de minéraux de transition (pour les minéraux essentiels dont : la bauxite, le cuivre, le cobalt, le minerai de fer, le lithium, le manganèse, le nickel et le zinc) ou des projets d'énergies renouvelables tels que l'énergie solaire, éolienne et hydroélectrique. La méthodologie complète est présentée ici.
Parmi les 95 procès répertoriés, la majorité (plus de 70 % ou 67 cas) est liée à l'extraction de minéraux de transition. L'impact environnemental des projets miniers continue d'être la principale préoccupation, soit 71 % (48) des procès dans ce secteur. Plus de 60 % (41) des procès intentés par des détenteurs de droit liés à l'extraction de minéraux de transition ont révélé des problèmes d'accès à l'eau et/ou de pollution de l'eau, soulignant l'impact de l'utilisation intensive de l'eau dans les opérations minières et leur association fréquente avec la contamination. Plus de 47 % (32) des cas d’exploitation minière ont fait état d'un impact négatif sur les moyens de subsistance des détenteurs de droit.
Les 28 cas restants dans l'Outil de Suivi (29 %) concernent le secteur des énergies renouvelables : éolienne (14 % - 13) ; hydroélectrique (12 % - 11) et solaire (4 % - quatre). Près de 80 % (22) des plaintes liées aux projets d'énergies renouvelables englobaient des allégations de consultation inadéquate des détenteurs de droit. L'impact de ce secteur sur le droit à un environnement propre, sain et durable était également important et cité dans 68 % (19) des cas. Trente-six pour cent (dix) des cas ont soulevé la question de l'accès à l'eau, en particulier en raison de la nature inhérente des projets hydroélectriques. Les allégations selon lesquelles les droits fonciers étaient affectés par les installations d'énergies renouvelables, car elles nécessitent de vastes étendues de terres, ont été citées dans 36 % (dix) des cas.
Droits de l’homme en péril
Bien que les avantages à l’échelle mondiale de la transition énergétique soient incontestés - et essentiels à la survie de la planète - l'impact des projets d'énergies renouvelables et d'extraction de minéraux de transition sur les communautés et les travailleurs en première ligne peut être important. Des tendances mondiales claires sont identifiables, les risques et les impacts sur les droits de l'homme semblant se manifester dans la chaîne de valeur des énergies renouvelables.
Voix des communautés touchées : Les Peuples autochtones gagnent la bataille juridique autour de l’acquisition des terres pour le projet éolien du Lac Turkana au Kenya, mais la lutte continue
En 2014, les communautés autochtones du Comté de Marsabit au Kenya (soutenues, mais non représentées par Natural Justice) ont intenté un procès contre le projet éolien Lake Turkana Wind Power (LTWP) et plusieurs entités gouvernementales, alléguant des violations de la législation foncière, en élaborant et en rédigeant des stratégies juridiques. Elles prétendent que le projet éolien n’a pas respecté les protocoles en matière de CLPE et n’a pas versé d’indemnisation pour l’acquisition des terres. LTWP n’a pas contesté les irrégularités dans le processus d’acquisition des terres. En octobre 2021, le tribunal a jugé que les titres fonciers ont été obtenus de manière irrégulière. L’entreprise a demandé un réexamen en février 2022, faisant état de nouvelles preuves et sollicitant une prorogation de délai indéfinie pour se conformer au jugement. En mai 2023, le tribunal a rejeté cette demande, ce qui a abouti à l’annulation des titres fonciers. Par la suite, LTWP a fait appel, et l’affaire est en cours.
Avant contentieux, d’autres formes de résolution de différends ont été utilisées, dont plusieurs lettres d’accès à l’information adressées à LTWP et aux agences gouvernementales comme la Commission Foncière Nationale et l’Autorité Nationale de Gestion Environnementale.
Le contentieux était l’ultime recours des communautés pour assurer la protection de leurs droits en tant que Peuples autochtones, de même que leurs droits fonciers. Toutefois, les diverses étapes pour obtenir justice à travers différents mécanismes non judiciaires constituent des preuves lorsque l’ultime option est de saisir les tribunaux et d'ester en justice.
L’extraction de minéraux de transition demeure le secteur qui enregistre la majorité des procès
Plus de 70% (67) des procès dans le monde répertoriés dans l’Outil de Suivi concernent le secteur minier. Les 28 cas restants (29%) concernent le secteur des énergies renouvelables : éolienne (14% - 13 cas) ; hydroélectrique (12% - 11 cas) et solaire (4% - quatre cas).
Extraction de minéraux de transition
Pour la deuxième année consécutive, l’extraction de minéraux de transition a représenté le plus grand nombre de procès liés aux droits de l’homme dans la chaîne de valeur des énergies renouvelables, soit plus de 70% (67) de tous les cas répertoriés dans l’Outil de Suivi. Cette statistique révèle les abus en matière de droits de l’homme liés à ce secteur. Mais, elle montre aussi la résistance accrue des communautés et travailleurs touchés contre l’approche « de maintien du statu quo » par rapport à l’extraction. Les allégations relatives à l’impact négatif de l’extraction des minéraux de transition sur le droit à un environnement propre, sain et durable représentent plus de 71% (48 cas) des procès répertoriés. Plus de 60% (41 cas) des procès intentés par des détenteurs de droits liés à l’extraction de minéraux de transition ont révélé des problèmes d’accès à l’eau et/ou de pollution de l’eau. Au Brésil, la mine de nickel d’Onça-Puma, exploitée par Vale a fait l’objet de plusieurs procès concernant l’accès à l’eau et à la contamination qui touche le Peuple autochtone de Xikrin. Dans le procès le plus récent intenté en 2025, le Bureau du Procureur fédéral a demandé à Vale d’exécuter un programme de suivi sanitaire permanent en faveur de la communauté Xikrin. Il exhorte également l’état de Pará— qui a attribué le permis environnemental de la mine - et le gouvernement fédéral, qui supervise les politiques sanitaires autochtones, à fournir le soutien technique et administratif pour assurer un suivi environnemental efficace. Vale nie toute responsabilité. De véritables garanties environnementales, un suivi règlementaire et des pratiques minières responsables sont essentielles pour atténuer ces risques et assurer une extraction de ressource durable et respectueuse des droits.
L’Outil de Suivi des Minéraux de Transition 2025 révèle également l’impact démesuré de l’extraction des minéraux de transition sur les Peuples autochtones. De même, ceci se reflète dans le paysage des litiges :
- Les Peuples autochtones du monde ont initié 46% (31) des procès liés à l’extraction de minéraux de transition répertoriés dans l’Outil de Suivi.
- Globalement, près de la moitié des procès (33) liés aux minéraux de transition impliquaient des allégations de violations des droits des Peuples autochtones : non-respect présumé de leur droit au CLPE (58% - 19 cas) et impacts sur les zones remarquables ou protégées (48% - 16 cas).
Énergies renouvelables
Le secteur éolien représente 14% (13) des cas dans l’Outil de Suivi, l’hydroélectricité 12% (11) et le secteur solaire 4% (quatre).
Généralement, les parcs éoliens nécessitent une large surface foncière, un facteur qui est fréquemment au centre des procès concernant les projets d’énergies renouvelables. En effet, parmi les 13 cas liés aux parcs éoliens que nous avons répertoriés, les violations alléguées des droits fonciers ont été citées dans sept cas, tandis que l’impact des projets éoliens sur les moyens de subsistance des communautés a été cité dans huit cas. Les Peuples autochtones et les vastes superficies de terres sur lesquelles ils vivent et qu’ils utilisent depuis très longtemps courent un risque du fait de l’expansion dans la construction de parcs éoliens. En particulier, huit cas de procès liés aux parcs éoliens dans notre base de données ont été initiés par des Peuples autochtones, et six d’entre eux alléguaient une absence de CLPE. En 2018, la communauté autochtone d’Unión Hidalgo a poursuivi en justice la Commission fédérale d'électricité à propos d’une consultation inadéquate sur le projet de parc éolien de Gunaa Sicarú au Mexique. Ceci a abouti à une décision du tribunal interdisant la construction du parc éolien sur les terres autochtones.
Les procès contre le secteur hydroélectrique sont aussi nombreux dans l’Outil de Suivi : 11 cas. La principale préoccupation concernant les détenteurs de droit qui saisissent la justice pour ce type d’affaires tourne autour de l’impact des projets et barrages hydroélectriques sur leur droit à un environnement propre, sain et durable (dix cas). Étant donné la nature inhérente des projets hydroélectriques, la majorité des plaintes portait sur des préoccupations liées à l’accès à l’eau (neuf cas) et l’impact du projet sur les terres remarquables ou protégées (sept cas). La question de l’absence présumée de consultation concernant le projet se pose également avec acuité - comme le prouvent les neuf cas qui vont de l’Amérique latine à l’Europe. Dans cinq cas, le Tribunal a ordonné l’arrêt du projet, comme c’est le cas en Équateur où un tribunal a suspendu le projet hydroélectrique de Genefran sur le fleuve Piatúa River et révoqué son permis environnemental.
Les cas liés au secteur solaire identifiés dans notre Outil de Suivi (quatre cas) concernaient surtout des consultations inadéquates (trois cas) comme la récente affaire à Taïwan. Les villageois ont prétendu que Ruizhi Photonics a construit une sous-station solaire géante dans leur communauté sans consultation. Le gouvernement a nié l’illégalité des procédures. Une cour d’appel en Suède a infirmé la décision d’une cour inférieure et rejeté le projet de parc solaire d’European Energy - le plus grand projet d’installation solaire du pays - soulignant l’importance de protéger les terres agricoles et déclarant qu’European Energy n’avait pas démontré que « l’installation est suffisamment avantageuse sur le plan social. » La décision a été considérée comme étant une réaffirmation de la priorité donnée aux terres agricoles sur le développement des énergies renouvelables lorsque les avantages sociaux ne sont pas prouvés de manière certaine.
La perspective de projets éoliens et solaires axés sur le respect des droits de l’homme et des partenariats équitables est prometteuse, notamment avec les exemples encourageants de copropriété et le partage des bénéfices avec les communautés autochtones - en particulier lorsqu’il existe des cadres réglementaires cohérents et un engagement dans la mise en œuvre. Certains pays africains (Kenya, Sierra Leone et Afrique du Sud) ont élaboré des dispositions législatives innovantes régissant le secteur des énergies renouvelables, notamment des dispositions de partage obligatoire des bénéfices avec les communautés, et d’obtention du CLPE pour les projets proposés sur les terres autochtones. Celles-ci peuvent servir d’inspiration pour les cadres législatifs en cours d’élaboration dans d’autres pays. Ces modèles économiques ne se contentent pas d’autonomiser les communautés, mais ils atténuent également les risques opérationnels et de réputation, préviennent les conflits et soutiennent la lutte contre la crise climatique.
À mesure que les projets d'énergies renouvelables s’étendent, le secteur a une occasion unique de piloter une transition énergétique équitable et juste. En tirant des leçons des difficultés passées dans l’industrie minière, il peut activement œuvrer pour éviter la répétition de schémas similaires, en particulier étant donné les impacts partagés sur les détenteurs de droits.
Coup de projecteur sur la région : le rôle de premier plan de l’Amérique latine dans les procédures contentieuses pour une transition juste
Les cas répertoriés dans l’Outil de Suivi proviennent du monde entier, illustrant la nature globale de la transition vers une offre énergétique juste et de ses impacts sur les Peuples autochtones, les travailleurs et les communautés qui luttent pour le respect de leurs droits dans les projets d’énergies renouvelables et d’extraction de minéraux de transition.
Plus de la moitié des plaintes (50) dans l’Outil de Suivi étaient liées aux abus en Amérique latine (49) et aux Caraïbes (un). Quarante et une de ces plaintes ont été déposées dans cette région. Sur ces cas, 76% (31) impliquaient des revendications liées à l’extraction de minéraux de transition, tandis que les 24% restants (10) concernaient les projets d’énergies renouvelables. Un nombre important de plaintes ont été également déposées devant les tribunaux d’Amérique du Nord, totalisant 19 cas. La majorité (15) était liée à l’exploitation minière, tandis que les quatre restants concernaient les projets d’énergies renouvelables.
L’Europe est la seule région où la plupart des procès intentés étaient liés aux énergies renouvelables (neuf sur 15).
Voix des communautés touchées : Tentative réussie des femmes agricultrices de révoquer le permis de Dairi Prima Mineral en Indonésie
En février 2023, des agricultrices en Indonésie (soutenues par l'ONG Bakumsu) ont engagé des poursuites judiciaires contre le ministère de l'Environnement et des Forêts, contestant le permis environnemental de la mine de zinc de Dairi Prima Mineral. Elles ont fait valoir que les procédures appropriées pour une étude d'impact environnemental n'avaient pas été suivies, soulevant des inquiétudes quant aux effets du projet sur leurs moyens de subsistance et la défaillance potentielle d'une installation de stockage de déchets toxiques. En juillet 2023, le tribunal administratif de l'État a ordonné la révocation du permis. La Cour Suprême a confirmé cette décision en août 2024, invoquant un manque de participation du public, une violation des principes de bonne gouvernance et le risque élevé de catastrophe posé par la région sismiquement active. La décision est juridiquement contraignante et ne peut faire l'objet d'un appel. En mai 2025, le ministère de l'Environnement et des Forêts a publié un décret (Décision MEF/Keputusan Kementerian Lingkungan Hidup No. 888/2025) révoquant le permis de Dairi Prima Mineral.
En 2019, les communautés ont cherché diverses voies avant d'attaquer en justice la mine de zinc de Dairi Prima Mineral. Mais, après l'échec de ces tentatives, le contentieux est devenu leur seule option. Elles ont engagé des poursuites judiciaires malgré son coût et sa durée, considérant que c’est la seule voie pour sauvegarder leur environnement et leurs moyens de subsistance. En Indonésie, les permis d'exploitation minière ne peuvent être révoqués que par le biais d'une procédure judiciaire.

BAKUMSU
Les communautés ont salué la décision de la Cour Suprême de 2024 qui leur était favorable. Cependant, elles restent préoccupées, car l'entreprise poursuit ses activités. Elles citent le manque de volonté politique pour faire appliquer la décision comme un problème important, craignant que l'entreprise ne tente de contourner le verdict par le biais d'une nouvelle étude environnementale.
Pour les communautés de Dairi Prima, une « transition juste » signifie s'assurer que les préoccupations environnementales et sociales sont correctement traduites dans les réglementations, en particulier dans le contexte d'activités à haut risque, telles que l'exploitation minière. Elle souligne la nécessité pour les entreprises de s'engager dans des consultations claires et significatives avec les communautés, en particulier celles directement touchées. Une consultation efficace et le CLPE sont un élément clé, ainsi que la prospérité partagée pour les communautés. Les communautés exhortent le gouvernement à poursuivre un développement inclusif et à favoriser une prospérité partagée.
Acteurs clés dans une transition juste et équitable
Près de la moitié des plaintes (45) répertoriées ont été déposés par des Peuples autochtones – 69% (31) concernant le secteur de l'extraction de minéraux de transition et 31% (14) les projets d'énergies renouvelables. Cela n’est pas surprenant, car 50% des minéraux de transition se trouvent sur les terres des Peuples autochtones ou les terres de paysans et la ruée mondiale vers l'extraction de plus de minéraux de transition menace davantage l'accès aux terres ancestrales, à la culture et aux moyens de subsistance. Alors qu'ils prennent des mesures légitimes pour défendre leurs terres, leurs ressources et protéger leurs droits fondamentaux contre les préjudices associés aux projets commerciaux et étatiques, y compris ceux destinés à bénéficier au climat, les Peuples autochtones sont confrontés à des représailles. Máxima Acuña Chaupe, une agricultrice de subsistance autochtone péruvienne, et sa famille prétendent que les forces de sécurité de Minera Yanacocha (dans laquelle Newmont détient une participation majoritaire) les ont harcelés, agressés et menacés de les expulser en raison d'un litige foncier lié à l'expansion du projet minier de Conga.
D'autres organisations, avocats et communautés qui engagent des poursuites judiciaires contre des projets d'énergies renouvelables et de minéraux de transition sont également confrontés à des risques. De récentes études sur les attaques contre les DDH par le Centre de ressources ont révélé que trois quarts des attaques contre les DDH visaient les défenseurs du climat, des terres et des militants écologiques. Au cours de la dernière décennie, le secteur ayant enregistré le plus grand nombre d'attaques a été l'exploitation minière (près de 1 700).
Les attaques contre les DDH ne surviennent pas seulement en amont de la chaîne de valeur des énergies renouvelables, c'est-à-dire au niveau de l'extraction des minéraux de transition, mais aussi en relation avec les installations d'énergies renouvelables (hydroélectricité, éolienne, solaire, etc.). Les projets hydroélectriques sont associés à près de 365 attaques contre des DDH, dont plus de 100 assassinats, au cours des dix dernières années. Le plus grand nombre d'attaques liées aux projets hydroélectriques s'est produit au Honduras, au Guatemala, au Mexique, en Colombie, aux Philippines et en Inde.
Les communautés en première ligne non autochtones ont engagé des poursuites dans 35% (33) des cas répertoriés dans l’Outil de Suivi. Dans 14% (13) des cas, les individus et les communautés touchés par les projets ont exprimé leur résistance par des manifestations ou des blocus qui ont souvent été accueillis par la violence et des conséquences tragiques. Dans un procès portant sur le projet minier d'or et de cuivre de Conga, des manifestants ont déclaré avoir été attaqués par des individus soupçonnés d'être des employés de Minera Yanacocha et du personnel de sécurité. EarthRights International a déposé une plainte auprès d’un tribunal fédéral américain demandant des documents à Newmont Mining concernant la répression présumée des manifestations à Conga, en particulier les incidents de violence policière, qui auraient fait plusieurs blessés ou handicapés parmi les manifestants.
Affaires remarquables ajoutées
Some text here

Australie: Mine de McArthur River

Australie: Mine de McArthur River
Australie : Mine de McArthur River
Les autochtones détenteurs de titres fonciers en Australie ont contesté l'extension de la mine de McArthur River, exploitée par Mount Isa Mines Limited (qui fait partie de Glencore). Ils ont affirmé que le bail minier proposé devrait être classé comme un « droit d'exploitation minière » en vertu de la Loi de 1993 sur les Titres Fonciers (Cth), leur donnant droit à des droits processuels tels que la notification, l'objection et la consultation. En février 2024, la Haute Cour d'Australie a annulé les décisions des tribunaux inférieurs selon lesquelles le bail était qualifié de « droit d'exploitation minière » et la zone d'implantation des déblais de dragage (DSEA) d'« infrastructure » associée à l'exploitation minière. En conséquence, les plaignants ont obtenu des droits processuels en vertu de la Loi sur les Titres fonciers autochtones.
Le Northern Land Council a depuis exhorté McArthur River Mine à collaborer de manière franche avec les détenteurs de titres fonciers autochtones. Bien que les opérations minières vont se poursuivre, le gouvernement du Territoire du Nord explore des moyens de trouver l’équilibre entre les droits fonciers autochtones et la nécessité d'une nouvelle zone de déblais de dragage tout en assurant le respect de la décision de la Haute Cour.

Brésil: Discrimination fondée sur le sexe dans la réparation

Brésil: Discrimination fondée sur le sexe dans la réparation
Brésil: Discrimination fondée sur le sexe dans le processus de réparation
En 2015, l'effondrement du barrage de Fundão (Mariana, Brésil) dans une mine de Samarco - détenue conjointement par BHP et Vale - a causé la mort de 19 personnes et entraîné d'importants dégâts environnementaux. Samarco a ensuite accepté un accord de 262 millions de dollars US avec le gouvernement brésilien pour l'atténuation et la remise en état.
En juin 2024, les Procureurs brésiliens ont intenté une action en justice réclamant 3.6 billion reais (environ 668 millions de dollars US) à Vale, BHP et Samarco. L'affaire porte sur une prétendue discrimination fondée sur le sexe dans le processus de réparation, arguant que les méthodes d’indemnisation étaient basées sur des hypothèses patriarcales, reconnaissant les hommes comme les principales victimes tout en marginalisant les femmes en tant que personnes à charge ou « auxiliaires », négligeant ainsi leurs contributions économiques. Vale et BHP déclarent qu'elles n'ont pas encore été officiellement avisées de l’action en justice. L’affaire est en cours.

RDC: Mine de cuivre du Katanga

RDC: Mine de cuivre du Katanga
Violations du droit du travail en RDC
En 2023, plusieurs travailleurs ont intenté un recours collectif contre Elias & Matis Trading - un sous-traitant qui exploite la mine Katanga Copper Company (KCC) de Glencore en RDC, l'accusant de violations généralisées du droit du travail, notamment en bloquant le droit des travailleurs de se syndiquer, en n’offrant pas d'avantages médicaux, en licenciant illégalement des employés et en retenant des documents administratifs essentiels tels que les fiches de paie. L’affaire est en cours.
Un regard en arrière sur 2024 révèle que les risques en matière de droits de l’homme augmentent dans l'ensemble de la chaîne de valeur des énergies renouvelables, avec 17 plaintes déposées l'année dernière - une hausse par rapport aux années précédentes. De plus, cinq plaintes déposées plus tôt ont été finalisées en 2024, ce qui porte le total des plaintes déposées ou finalisées en 2024 à 22.
À l'échelle mondiale, les allégations de violations des droits de l’homme portent sur le secteur des minéraux de transition (18 cas). Le secteur des énergies renouvelables a fait l'objet de quatre cas (deux concernant des projets solaires et deux des projets éoliens). Douze plaintes ont été déposées contre une entreprise privée ou une entreprise publique, et 13 plaintes ont été déposées contre un État pour avoir autorisé une activité commerciale spécifique. Trois procédures judiciaires ont été enclenchées contre les deux.
Conformément à notre analyse à l’échelle mondiale, 15 cas concernaient l’impact négatif allégué des projets sur le droit à un environnement propre, sain et durable. Les Peuples autochtones ont porté la moitié (11) des cas, et leurs droits ont été affectés dans 12 cas, y compris leur droit à un CLPE dans huit cas. Les détenteurs de droits touchés ont également fait état de consultation inadéquate dans 12 cas.
Les plaignants ont demandé l’arrêt du projet dans dix cas. Dans l’un des procès concernant la mine d’or de Loma Larga en Équateur, la Cour Constitutionnelle a confirmé une décision d’une juridiction inférieure en faveur des plaignants, en mentionnant la nécessité d’une consultation préalable, d’une étude environnementale et de l’approbation de la communauté pour que les activités minières puissent se dérouler. De même, dans le procès concernant le projet de mine de lithium de Big Sandy aux États-Unis, un juge fédéral a récemment prolongé la suspension temporaire sur le forage préjudiciable pour la durée du procès de la Tribu Hualapai parce qu’il est probable qu’il y’ aura des dommages irréparables du forage dans le bassin de la rivière de Big Sandy en Arizona.
Les Peuples autochtones, communautés et travailleurs ou leurs délégués, directement touchés par les dommages en matière de droits de l’homme liés à l’extraction de minéraux de transition ou projets d’énergies renouvelables contestent de plus en plus le statu quo en se tournant souvent vers les tribunaux comme dernier recours pour revendiquer leurs droits.
Dans 65% (62) des cas dans l’Outil de Suivi, les plaignants ont demandé l’arrêt temporaire ou permanent du projet. Dans 40% (25) de ces cas, le tribunal a tranché en leur faveur, et 50% (13) de ces affaires sont maintenant classées. Quelques exemples récents comprennent :
- Procès pour l’autorisation de Big Sandy Inc. (Une filiale de la compagnie australienne Arizona Lithium) de forer dans le bassin de la rivière de Big Sandy au nord-ouest de l’Arizona
- Procès concernant le projet de Conga d’extraction d’or et de cuivre de Minera Yanacocha au Pérou
- Procès du parc solaire Svedberga d’European Energy, le plus grand projet d’énergie solaire prévu en Suède
- Procès contre le projet de parc éolien d’EPV Tuulivoima Oy en Finlande
Dans d'autres cas, les plaignants ont demandé une consultation appropriée sur les projets dans plus de 50% (50) des cas. Les tribunaux ont suspendu des projets ou révoqué des permis dans 38% (19) des cas alléguant un abus de ce droit.
Les entreprises et les investisseurs doivent également noter que les tribunaux peuvent ordonner le démantèlement des infrastructures d'énergies renouvelables lorsque des droits ont été enfreints. C’était le cas pour les 84 éoliennes du projet d’Osage Wind et d’Enel en Oklahoma lorsque le tribunal a convenu que la Nation Osage subirait un « préjudice irréparable » si les turbines étaient maintenues. Leur démantèlement est suspendu pendant que les entreprises font appel. Lorsque cela se produit, il est crucial de reconnaître que le démantèlement d'un projet éolien ou solaire existant entrave les progrès dans la lutte contre le changement climatique - la plus grande menace pour tous les droits de l'homme - et personne ne bénéficie réellement de cette situation. Le défi consiste à garantir que les initiatives en matière d'énergies renouvelables soient mises en œuvre de manière responsable, en équilibrant l'action climatique avec le respect des communautés et de leurs droits.
Sans normes ou définitions universellement reconnues d'une transition juste, les décisions de justice forment des cas de jurisprudence majeure qui influencent la manière dont les considérations environnementales et relatives aux droits de l'homme sont intégrées dans la transition. Les litiges peuvent jouer un rôle clé en favorisant des changements législatifs plus profonds fondés sur les droits pour une transition énergétique juste. Récemment, la Cour Suprême Fédérale du Brésil (STF) a ordonné une indemnisation des communautés autochtones touchées par le barrage de Belo Monte. Elle a également exigé que le Congrès promulgue une législation pertinente garantissant la participation des Peuples autochtones aux avantages financiers de l'hydroélectricité et de l'exploitation minière dans un délai de 24 mois. Cette décision établit une jurisprudence plus étendue « pour ‘d'autres projets existants ou futurs’ qui utilisent le potentiel hydroélectrique sur les terres autochtones ».
Les cas dans l'Outil de Suivi démontrent que le fait de ne pas collaborer de manière effective avec les détenteurs de droits et le non-respect des droits de l'homme et normes environnementales peut déclencher des troubles sociaux et une résistance autour des sites miniers et d'énergies renouvelables, retardant les projets et la transition énergétique. Les entreprises et les investisseurs doivent composer avec la réalité selon laquelle ces problèmes augmentent aussi sensiblement le risque de litige et que les entreprises sans scrupules seront confrontées à des répercussions financières. Dans plus de 35% (35) des procès répertoriés, les détenteurs de droits touchés ont demandé une indemnisation financière pour avoir subi des répercussions négatives par rapport à leurs droits. Dans le cas du parc éolien du comté d’Osage, l’incidence financière globale pour Enel, en prenant en compte les honoraires d’avocats et le coût du démantèlement des turbines estimé à 259 millions de dollars, dépasse 263 millions de dollars US. Le coût de fermeture de la mine de cuivre de First Quantum Minerals à Cobre Panama, suite à l’arrêt de la Cour Suprême considérant son contrat inconstitutionnel est estimé à 800 millions de dollars US. Parfois, les investisseurs décident d’agir avec les entreprises bénéficiaires pour apporter des changements significatifs. Récemment, Norges Bank a décidé de s’engager par le biais de la propriété active avec Rio Tinto et South 32 (tous deux impliqués dans la coentreprise Mineração Rio do Norte exploitant une mine de bauxite dans la forêt amazonienne) « sur leur travail visant à réduire les graves dommages environnementaux sur une période de cinq à dix ans ». Il est du devoir des entreprises et des investisseurs d'intégrer une approche axée sur les droits de l'homme dès le départ et tout au long du cycle de vie du projet, afin de faire partie d'une transition juste et équitable. Le respect des droits de l'homme et de l'environnement, la réalisation de consultations approfondies et inclusives et le respect des principes du CLPE peuvent servir de protection solide contre ces risques accrus.
Le Centre de Ressources sur les Entreprises & les Droits de l’Homme est une ONG internationale qui suit les impacts en matière de droits de l’homme de plus de 10.000 entreprises dans plus de 180 pays, mettant à disposition des informations sur notre site Internet en 10 langues.
Auteurs et chercheurs :
- Elodie Aba, Michael Clements, Jeeseon Hwang, Millie John-Pierre, Laura Mont Castro, Axelle Poussier, Malgorzata Tyczka.
Remerciements
- Natural Justice
- Bakumsu
- Aintzane Marquez, SOMO
- Membres de « Just Transition Litigation Coalition »
- Veera Kankare, Université de Finlande