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Article

3 jui 2025

Auteur:
Fanny Pigeaud, Reporterre

Congo : TotalEnergies abandonne son projet de plantation de forêt qui devait compenser ses émissions de carbone; avec les commentaires de l'entreprise

Allégations

"TotalEnergies abandonne en catimini un projet de compensation carbone au Congo", 28 mai 2025

Après l’avoir lancé en grande pompe, TotalEnergies abandonne en silence un projet de plantation de forêt pour compenser ses émissions en République du Congo. 12 % des arbres promis y ont été plantés, avec une efficacité douteuse...

Batéké Carbon Sink (BaCaSi), l’unique plantation industrielle d’arbres financée par TotalEnergies en Afrique pour compenser ses émissions de carbone, est en train de capoter : après plus de quatre ans d’activité, ce projet controversé est à l’arrêt depuis plusieurs semaines. Le personnel étranger qui opérait sur le site, situé au centre de la République du Congo, a quitté le pays...

Pas de démenti, ni de confirmation : TotalEnergies botte en touche lorsqu’on l’interroge sur le sujet. Un porte-parole dit simplement que la multinationale « et ses partenaires suivent régulièrement les résultats des plantations effectuées et évaluent, selon les constats établis, les orientations futures du projet, en apportant une attention particulière aux parties prenantes et aux communautés concernées »...

Contacté, Forêt Ressources Management (FRM), petit bureau d’études français chargé de la mise en œuvre de l’initiative, a fourni une réponse similaire. Il précise néanmoins que c’est le pétrolier qui évalue, à partir de ses observations, « les orientations futures du projet à donner, tant sur les aspects techniques que sur sa dimension sociale ».

Au démarrage de BaCaSi, en 2021, la major fanfaronnait : « Notre puits de carbone naturel lancé récemment au Congo a vocation à en inspirer d’autres en Afrique »...L’entreprise n’hésitait pas à avancer des chiffres spectaculaires : 40 000 hectares de forêt seraient plantés, soit plus de deux fois la superficie de la forêt de Fontainebleau, 40 millions d’arbres seraient mis en terre en dix ans. Ce vaste programme, soutenu par l’État congolais, devait permettre de « séquestrer en moyenne 500 000 tonnes de CO2 par an, sur vingt ans » et était censé s’étendre sur trente-cinq ans...

Mais depuis ses débuts, le projet, implanté dans la zone de savane des plateaux Batéké, présente de nombreux problèmes. Des enquêtes menées par des journalistes et des organisations de la société civile ont montré que BaCaSi avait accaparé des terres sans obtenir le consentement des communautés locales. Il avait même entamé ses activités sans les avoir préalablement informées ni consultées, en violation du principe du consentement libre, informé et préalable, ainsi que des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits humains...

Des centaines de personnes se sont retrouvées privées de zones cultivables et d’accès à des forêts essentielles à leurs activités de cueillette. Les indemnisations promises aux agriculteurs expropriés sont dérisoires et la question de leur réinstallation n’est toujours pas réglée.

Quant à l’étude d’impact environnemental et social, obligatoire et censée être réalisée en amont du projet, personne, parmi les communautés locales et les organisations de la société civile qui ont enquêté, n’y a eu accès. TotalEnergies assure à Reporterre qu’elle a bien été réalisée et « déposée » auprès des autorités congolaises...

S’agissant du puits de carbone en lui-même, plusieurs ONG et experts y ont vu un exemple emblématique de greenwashing. Le processus de séquestration du carbone étant difficile à maîtriser, les estimations de captation restent en effet incertaines...

TotalEnergies...a régulièrement écarté ces reproches, répétant que tout avait été fait dans le respect des standards nationaux et internationaux, que le projet profiterait « aux partenaires et à la population locale sur le long terme, tout en captant du CO2 », qu’il s’appuyait sur un partenariat « ambitieux » et « pionnier », au service « d’un développement intégré et de l’action climatique ».

Mais aujourd’hui, tout a donc changé. D’après nos sources, TotalEnergies aurait cessé de financer le programme, sans toutefois le reconnaître publiquement. Dans sa réponse à Reporterre, la multinationale maintient ainsi une communication optimiste et vague : « Depuis novembre 2021, le projet BaCaSi a réalisé près de 5 000 hectares de plantations forestières et agroforestières [soit 12,5 % de l’objectif affiché], tout en soutenant l’agriculture traditionnelle et l’emploi local, et en veillant à la conservation des espaces naturels adjacents. Le projet a également permis l’implantation d’infrastructures et la création d’un tissu d’activités locales dynamiques. »...

TotalEnergies aurait invoqué, pour justifier son départ, les résultats en gains de carbone des arbres plantés, qu’il aurait jugés trop faibles et trop lents, car l’Acacia mangium se serait mal adapté aux sols dans lesquels il a été planté...