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文章

2023年6月5日

作者:
Mame Woury Thioubou, Le Quotidien (Sénégal)

Conséquences des émeutes : L’Etat suspend temporairement l’internet des données mobiles

Depuis hier, le gouvernement du Sénégal a décidé de suspendre temporairement l’internet des données mobiles dans certaines localités du pays. Une façon, selon le ministère de la Commu­nica­tion et de l’économie numérique, de lutter contre «la diffusion de messages de haine et de subversion».L’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) dénonce des «agissements anti-démocratiques»...

Après la suspension de certains réseaux sociaux comme WhatsApp, Facebook, Insta­gram, Twitter, Telegram, le gouvernement du Sénégal est allé plus loin dans sa volonté de rétablir l’ordre dans les rues du pays. En effet, dans un communiqué de presse rendu public...le ministère de la Communication, des télécommunications et de l’économie numérique a annoncé une suspension temporaire de l’internet des données mobiles sur certaines plages horaires. « L’internet des données mobiles est suspendu de façon temporaire dans certaines localités du pays et sur certaines plages horaires »...Le ministère...justifie cette décision « par la diffusion de messages de haine et de subversion dans un contexte de troubles à l’ordre public ». Le document exhorte également les opérateurs de téléphonie à se conformer à la décision...

L’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (APPEL) a réagi dans la soirée en dénonçant une « volonté unilatérale de l’Etat de sevrer les populations de l’information ». « Les opérateurs ont envoyé des Sms pour s’excuser et faire savoir à l’opinion que c’est sur la demande de l’Etat que les données mobiles ont été coupées. Une situation inimaginable et inconcevable au Sénégal. Déjà, les restrictions opérées depuis jeudi soir sur certains réseaux sociaux, notamment Whats­App, Facebook, Insta­gram, Twitter, Telegram, ont été lourdes de conséquences sur les plans éditorial et économique. En effet, les directs et les émissions via YouTube, Facebook, Insta­gram et Twitter ne sont plus possibles », dénonce l’organisation par la voix de son président, Ibrahima Lissa Faye. Selon l’APPEL, « cette coupure s’est opérée sans sommation ni concertation avec les acteurs de l’internet ». « L’APPEL est certes sensible à cette situation sociopolitique très tendue, toutefois, elle estime que le droit à l’information du public, garanti par la Constitution (articles 8 et 10) et des instruments juridiques internationaux ratifiés par le Sénégal, est inaliénable. La suspension des données mobiles entraîne de facto la suspension ou l’interruption de la fourniture de l’information. Or, l’information est une donnée capitale pour aiguillonner et aider la population à s’informer, à s’orienter en temps de crise », poursuit l’organisation.
Dans une volonté de dénoncer cette décision, l’organisation rappelle à l’Etat que la suspension de l’internet mobile « risque de venir porter l’estocade à (nos) petites entreprises si vulnérables ». Ainsi, souligne Ibrahima Lissa Faye, les acteurs de la presse en ligne ne comptent pas se laisser faire.  « Les éditeurs de la presse en ligne sont décidés à saisir les organisations de défense des libertés de presse, d’expression et des droits humains pour que ces agissements anti-démocratiques, anachroniques cessent dans les plus brefs délais. Ils se réservent le droit aussi de travailler avec des partenaires en Afrique et à l’international pour porter plainte et obtenir réparation », informe le document. Depuis quelques jours, Dakar, la capitale sénégalaise, et Ziguinchor, dans le Sud du pays, sont plongées dans de violentes manifestations consécutives au verdict rendu dans le cadre de l’affaire opposant l’homme politique Ousmane Sonko à l’ancienne masseuse Adji Sarr.

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