"Afrique Sud : 10 ans après le massacre de Marikana, justice nulle part", 12 août 2022

Son frère, qui espérait un meilleur salaire, a été abattu par la police à Marikana, dans le pire massacre en Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid : Dix ans plus tard, Nolufefe Noki attend toujours des explications...Mgcineni "Mambush" Noki, 30 ans à l'époque, était devenu une figure de la contestation de milliers de mineurs. Il encourageait avec passion, le poing levé, ses copains grévistes. Jusqu'à ce 16 août 2012. "On ne sait pas ce qui s'est passé", confie sa sœur, une femme fluette de 42 ans à la voix éraillée, dans sa maison de Mqanduli, dans l'est du pays. Elle sait juste que la police est venue et que "beaucoup ont été tués".

Trente-quatre, précisément. Et 78 blessés, dans un chaos de poussière et de gaz lacrymogène...Depuis, une poignée de policiers a comparu mais aucun n'a été condamné, selon le parquet. La moitié des demandes d'indemnisation déposées ont été réglées, a indiqué...le procureur general....jugeant "regrettable" que ces procédures aient pris tant de retard. Une enquête officielle a mis en cause les "tactiques policières" déployées ce jour-là, recommandant...des poursuites contre les responsables de ce bain de sang perpétré près de la mine de platine...

Pour les survivants et les familles des victimes, la mémoire des événements est intacte. "Je ne veux plus parler de tout ça. J'ai encore tant de peine", souffle Nolufefe Noki...Mambush envoyait l'équivalent de 150 euros par mois à sa famille. En 2012, il est revenu au pays dans un cercueil. "On m'a dit que je ne pouvais pas voir le corps, qu'il était trop abîmé", dit sa sœur le regard perdu..."Le gouvernement se fout de nous", dit cet homme costaud de 34 ans. "Cela fait dix ans maintenant, nos vies auraient du s'améliorer. Au contraire, tout a empiré"...