abusesaffiliationarrow-downarrow-leftarrow-rightarrow-upattack-typeburgerchevron-downchevron-leftchevron-rightchevron-upClock iconclosedeletedevelopment-povertydiscriminationdollardownloademailenvironmentexternal-linkfacebookfiltergenderglobegroupshealthC4067174-3DD9-4B9E-AD64-284FDAAE6338@1xinformation-outlineinformationinstagraminvestment-trade-globalisationissueslabourlanguagesShapeCombined Shapeline, chart, up, arrow, graphLinkedInlocationmap-pinminusnewsorganisationotheroverviewpluspreviewArtboard 185profilerefreshIconnewssearchsecurityPathStock downStock steadyStock uptagticktooltiptwitteruniversalityweb

Le contenu est également disponible dans les langues suivantes: العربيّة

Article

4 Jul 2023

Auteur:
Celia Izoard, Benjamin Bergnes, Reporterre (France)

Maroc: Une enquête sur les mines de cobalt approvisionant Renault at BMW révèle des conditions travail présumément médiocres et des atteintes à l'environnement

Voir tous les tags Allégations

Enquête en deux parties: "Mines au Maroc : la sinistre réalité du « cobalt responsable »" et "Au Maroc, une mine de cobalt empoisonne les oasis", 4 July 2023

Première partie:

BMW et Renault ont largement communiqué sur cet approvisionnement éthique. Pour Renault, le partenariat avec la Managem « s’inscrit dans la stratégie de Renault Group visant à construire une chaîne de valeur de la batterie plus durable et transparente ». BMW affirme que « le respect des normes environnementales et des droits humains est une priorité numéro un ». « Notre responsabilité éthique quant à l’extraction et la production de matières premières couvre l’ensemble de la chaîne de valeur, jusqu’aux mines, s’est félicité le groupe, assurant que « l’extraction de cobalt par le groupe Managem répond aux critères de soutenabilité les plus exigeants. » Sur le papier, la Managem paraît championne de la mine responsable : elle est membre de la Fair Cobalt Alliance et ses pratiques sont certifiées par des organismes comme la Responsible Minerals Initiative (RMI) et Ecovadis.

L’entreprise affirme « améliorer en continu la performance en matière de santé et de sécurité au travail ; prévenir activement les maladies professionnelles », « respecter les droits humains » et promouvoir « les libertés syndicales et les droits d’association ». Sur place, la réalité diffère. « Notre équipement, ce sont des bottes trouées, des gants déchirés et un casque », décrit Osmane, 24 ans. « Ma formation a duré un jour, poursuit-il. Tout en travaillant, on nous a expliqué comment poser les explosifs, comment mettre les protections. On ne nous a pas dit que la poussière était toxique. On n’a pas de masques. Une fois par an, il y a un examen médical rapide : on souffle pour vérifier la capacité pulmonaire, mais ils ne donnent pas le résultat. » La poussière que respirent chaque jour les 1 200 salariés de la mine de Bou-Azzer est hautement toxique. Le cobalt et l’arsenic sont cancérigènes, en particulier le second, un poison notoire. L’exposition chronique à l’arsenic cause, entre autres, des cancers de la peau, des poumons et de la vessie, des maladies neurologiques et cardiovasculaires et des troubles de la reproduction...

Deuxième partie:

...La mine de Bou-Azzer, créée en 1934... produit aujourd’hui plus de 2 400 tonnes de cobalt..., et près de 7 700 tonnes d’arsenic, une substance hautement toxique utilisée dans certains pesticides et la production d’électronique. Bien que la Managem ne publie pas ses prélèvements en eau, on peut estimer que les usines de traitement du minerai de Bou-Azzer nécessitent environ 1 million de m³ d’eau par an dans cette région désertique, soit l’équivalent de la consommation locale de 50 000 personnes...

À Tasla, Mustafa, chargé des réseaux d’eau potable de la ville, nous emmène inspecter le forage du village, désormais insuffisant : « La nappe est basse, basse, basse. Les besoins de la mine passent avant les nôtres. En été, il n’y a plus d’eau pendant la journée. »...

Une simple clôture barbelée sépare les installations de la mine du vieux village de Bou-Azzer. D’un côté, le passage des enfants et des chats sur les chemins, entre les maisons, minuscules habitations faites de bric et de broc. De l’autre, à flanc de colline, les chevalements et les camions-bennes, le moulin de broyage et ses nuages de poussière, et, en contrebas, les usines. On y traite le minerai avec de l’acide sulfurique, des solvants et du chlorate de sodium, un puissant oxydant utilisé dans les herbicides, interdit en Europe...

Le village et la mine sont indistinctement bordés par d’immenses bassins de résidus miniers asséchés : à quelques pas des habitations, des dizaines de milliers de tonnes d’arsenic y sont stockées à l’air libre. Pour en extraire le cobalt qu’ils contiennent encore, ils sont retraités depuis 1996 par arrosage à l’acide sulfurique. Il suffit de passer quelques minutes à Bou-Azzer pour sentir des picotements sur la peau, une odeur âcre, acide, dans les narines...

La situation paraît invraisemblable, tant l’extrême danger que représentent ces déchets miniers est connu. Dès 1999, une thèse de doctorat consacrée à la pollution minière de Bou-Azzer, réalisée à l’École nationale supérieure de géologie de Nancy, constatait des niveaux de contamination alarmants dans les eaux, la végétation et les sédiments de l’oued, pollués à l’arsenic sur plus de 40 km. « Le district minier de Bou-Azzer représente la source principale de contamination par l’arsenic et éléments associés des sédiments », concluait la recherche, et « la pollution des sédiments de long de l’oued Alougoum semble avoir une intensité et une extension considérable »...

La Managem n’a malheureusement pas répondu à nos requêtes concernant la mine de Bou-Azzer. Contacté par Reporterre, son futur client, Renault, rappelle que « la production de cobalt de Managem Group a été certifiée selon les standards de la Responsible Minerals Initiative (RMI), ainsi que par les évaluations de NQC et Ecovadis"...

Chronologie