Entre janvier 2015 et mars 2023, le Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l'homme a recensé plus de 4 700 attaques contre des défenseurs des droits de l'homme dénonçant des pratiques commerciales préjudiciables. Pour la seule année 2022, nous avons recensé 555 attaques, ce qui révèle qu'en moyenne plus de 10 défenseurs ont été attaqués chaque semaine pour avoir fait part de préoccupations légitimes concernant des activités commerciales irresponsables. Les trois quarts des attaques (75 %) ont été perpétrés contre des défenseurs du climat, de la terre et de l'environnement. Plus d'un cinquième des attaques (23 %) visaient des défenseurs autochtones, qui protègent plus de 80 % de la biodiversité restante dans le monde, bien qu'ils représentent environ 6 % de la population mondiale.

Il ne s'agit là que de la partie visible de l'iceberg. Nos recherches se fondent sur des informations accessibles au public et comme de nombreuses attaques, en particulier les attaques non mortelles (y compris les menaces de mort, le harcèlement judiciaire et la violence physique), ne sont jamais rapportées par les médias et que le suivi des attaques par les gouvernements présente des lacunes importantes, le problème est encore plus grave que ne l'indiquent ces chiffres.

Les autres conclusions importantes de notre analyse des attaques en 2022 sont les suivantes:

• L'Amérique latine et l'Asie-Pacifique restent les régions les plus dangereuses pour les défenseurs.
• Le Brésil, l'Inde et le Mexique ont enregistré le plus grand nombre d'attaques contre des défenseurs. Le Brésil, le pays le plus dangereux pour les défenseurs, devrait accueillir la présidence du G20 en 2024.
• Près d'un quart des attaques visaient des femmes défenseurs des droits de l'homme.
• Le secteur minier est le secteur le plus dangereux pour les défenseurs, avec près de 30% des attaques. Cela a été constant depuis que nous avons commencé le suivi en 2015 - montrant que peu de progrès ont été réalisés pour prévenir les attaques dans ce secteur.
• Dans les cas où des informations étaient disponibles publiquement sur les auteurs, la police était le principal auteur des attaques, suivie par l'utilisation malveillante des systèmes judiciaires pour criminaliser et arrêter le travail des défenseurs. Parmi les autres auteurs figuraient les autorités locales et étatiques, les forces armées, les bûcherons ou les mineurs illégaux, les employeurs et les agents de sécurité privés.
• Dans les cas où les attaques pourraient être liées à une entreprise spécifique ou à un projet d'entreprise (43 % du total des attaques), le plus grand nombre d'attaques concerne des entreprises dont le siège est en Inde et aux Émirats arabes unis. Les deux pays ont tenté de se positionner en tant que leaders mondiaux et environnementaux et accueillent des événements multilatéraux majeurs en 2023 - G20 et COP28, respectivement.

Les cinq entreprises dont les opérations, les chaînes de valeur ou les relations commerciales étaient liées au plus grand nombre d'attaques en 2022 étaient JSW Steel Ltd. (Inde), Otterlo Business Corporation (EAU), TotalEnergies (France, actionnaire majoritaire d'East African Crude Oil Pipeline) , Inversiones los Pinares (Honduras), et NagaCorp Ltd et sa filiale NagaWorld (Cambodge) (plus d'informations sur les allégations peuvent être téléchargées ici). Celles-ci inclues toutes attaques contre des défenseurs faisant part de préoccupations en matière de droits de l'homme concernant les opérations, les chaînes de valeur ou les relations commerciales de ces entreprises, même si l'entreprise n'a pas perpétré l'attaque directement.

Nous avons invité ces entreprises à répondre. JSW Steel Ltd. et TotalEnergies ont répondu ; leurs réponses complètes sont disponibles ci-dessous. Otterlo Business Corporation, Inversiones los Pinares et NagaCorp n'ont pas répondu.