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«La répression que subissent actuellement les militants environnementaux qui ont recours à des actions pacifiques de désobéissance civile constitue une menace majeure pour la démocratie et les droits de l'homme. L'urgence environnementale à laquelle nous sommes collectivement confrontés, et que les scientifiques documentent depuis des décennies, ne peut être traitée si ceux qui tirent la sonnette d'alarme et exigent des mesures sont criminalisés pour cette raison. La seule réponse légitime à l'activisme environnemental pacifique et à la désobéissance civile à ce stade est que les autorités, les médias et le public réalisent à quel point il est essentiel pour nous tous de prêter une oreille attentive à ce que les militants environnementaux ont à dire».

— Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les défenseurs de l’environnement au titre de la Convention d'Aarhus.

En 2023, des citoyens du monde entier sont descendus dans la rue pour exiger des gouvernements qu'ils protègent leur droit et celui des générations futures à un environnement propre, sain et durable. Les preuves scientifiques montrent que l'humanité est en train de dépasser la plupart des limites planétaires dans lesquelles nous pouvons nous développer et prospérer pour les générations à venir, sous l'impulsion d'un paradigme économique fondé sur la maximisation du profit, et, l'extraction et la consommation de ressources non durables. La triple crise planétaire - changement climatique, pollution et perte de biodiversité - menace tous nos droits. Grâce à l'action directe, à la protection de leurs terres et territoires contre les projets d'exploitation des combustibles fossiles, à la dénonciation de la pollution et à l'engagement de poursuites judiciaires contre les entreprises pour les dommages causés à l'environnement, les défenseurs des droits de l'homme (DDH) continuent d'affirmer qu'une véritable justice climatique ne peut être obtenue que lorsque les droits de l'homme sont respectés, protégés et appliqués. Il est essentiel d'écouter les DDH pour comprendre les risques et les préjudices associés à l'activité des entreprises et pour garantir que la transition vers des économies vertes soit juste et profite aux travailleurs, aux défenseurs de l'environnement et à leurs communautés.

Malgré ces efforts, en 2023, le Centre de Ressources sur les Entreprises et les Droits de l'Homme a enregistré 630 cas d'attaques contre des personnes ayant lancé des alertes sur des préjudices liés aux activités des entreprises. Cela s'inscrit dans un schéma cohérent et continu d'attaques contre les défenseurs des droits de l'homme qui protègent nos droits et notre planète à l'échelle mondiale, avec plus de 5 300 attaques recensées depuis janvier 2015.

Les entreprises et les investisseurs ont la responsabilité de respecter les droits de l'homme, y compris le droit à un environnement propre, sain et durable, et le potentiel de créer des impacts positifs significatifs pour la société en plaçant les personnes et la nature au-dessus du profit. Certaines entreprises démontrent déjà que cela est possible en construisant des projets qui mettent l'accent sur des négociations équitables, une prospérité partagée et le respect des droits de l'homme. Certains gouvernements et entreprises ont également accordé une attention croissante à la protection des défenseurs des droits de l'homme et à l'ouverture de l'espace civique, sous l'impulsion d'années de plaidoyer de la part de la société civile. Malheureusement, il s'agit là d'une exception. De nombreux acteurs économiques manquent à leur responsabilité de respecter les droits de l'homme, ce qui porte préjudice aux populations et à la planète. Pour certains d'entre eux, il s'agit notamment d'exercer leur pouvoir pour affaiblir et attaquer ceux qui dénoncent les préjudices causés par les entreprises et pour restreindre l'exercice des libertés civiques (liberté d'expression, d'association et de réunion).

L'ampleur des attaques montre que la seule action volontaire des entreprises pour protéger les droits de l'homme est un échec et que les États doivent adopter d'urgence une législation contraignante et sévère en matière de droits de l'homme et de diligence raisonnable en matière d'environnement. Ils doivent également adopter et mettre en œuvre une législation reconnaissant le droit de défendre des droits en toute sécurité et le rôle vital des défenseurs des droits de l'homme dans la réalisation d'un avenir juste et durable.

Entre janvier 2015 et décembre 2023, le Centre de ressources a documenté plus de 5 300 attaques dans le monde contre des défenseurs des droits de l'homme qui dénoncent les préjudices causés par les entreprises. Pour la seule année 2023, nous avons identifié 630 attaques affectant directement environ 20 000 personnes. Plus des trois quarts (78 %) de ces attaques visaient des personnes qui agissaient pour protéger le climat, l'environnement et les droits fonciers. Un grand nombre de ces attaques ont été perpétrées par des acteurs étatiques.

Il ne s'agit là que de la partie visible de l'iceberg.

Nos recherches se fondent sur des informations accessibles au public et puisque de nombreuses attaques, en particulier les attaques non mortelles (y compris les menaces de mort, le harcèlement judiciaire et la violence physique), ne sont jamais rapportées par les médias et que le suivi des attaques par les gouvernements présente toujours des lacunes importantes, le problème est encore plus grave que ne l'indiquent ces chiffres. En outre, une «attaque» peut viser une personne citée dans des sources publiques ou un grand nombre de personnes non identifiées, comme dans le cas de poursuites engagées contre 11 000 ouvriers de l'habillement qui manifestaient pour une augmentation des salaires au Bangladesh. Ainsi, le nombre de défenseurs des droits de l’homme individuels victimes d'attaques est plus élevé que le nombre d'attaques mentionnées ici. Ces attaques peuvent également affecter la sécurité physique et le bien-être mental, émotionnel et économique des défenseurs des droits de l’homme. De plus, les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme ont un effet plus large puisqu'elles portent préjudice aux familles des défenseurs des droits de l'homme, à leurs communautés et aux mouvements de résistance. Elles peuvent également avoir un effet dissuasif sur la défense des droits de l'homme en général. En savoir plus sur notre méthodologie de recherche.

Vue d'ensemble

Depuis que nous avons commencé à suivre les attaques en 2015, l'Amérique latine et les Caraïbes ainsi que l'Asie et le Pacifique restent les régions les plus dangereuses pour les défenseurs des droits de l’homme. En 2023, 41 % des attaques se sont produites en Amérique latine et dans les Caraïbes (258) et 30 % en Asie et dans le Pacifique (195).

En 2023, les pays ayant subi le plus grand nombre d'attaques contre des défenseurs des droits de l'homme dénonçant les préjudices causés par les entreprises étaient le Brésil (68), l'Inde (59), le Mexique (55), le Honduras (44), les Philippines (36), les États-Unis (27), l'Iran (24), la Colombie (22), l'Indonésie (18), l'Ouganda (18), la France (16) et le Royaume-Uni (15).  

Type d'attaques

Les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme représentent également une attaque directe contre l'espace civique et une atteinte aux libertés fondamentales qui sont à la base d'une société durable, inclusive et pacifique. L'objectif de développement durable (ODD) 16 vise à promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives et l'indicateur 16.10.1, qui enregistre les meurtres et les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme, est le principal indicateur de la jouissance mondiale de ces libertés fondamentales dans le cadre de l'ODD. Pourtant, sur les 162 pays qui ont soumis des examens nationaux volontaires pour rendre compte des progrès accomplis dans la réalisation des ODD depuis 2015, seuls trois - moins de 2 % - ont indiqué qu'au moins un défenseur des droits de l'homme avait été tué ou attaqué. Sept pays n'ont signalé aucun cas et 94 % des pays n'ont rien signalé du tout.

Meurtres

En revanche, pour la seule année 2023, le Centre de ressources a recensé 87 meurtres de défenseurs des droits de l'homme dénonçant les préjudices causés par les entreprises. Nous rendons hommage à la vie, au courage et au travail essentiel de ces défenseurs des droits de l'homme. Les attaques dont ils sont victimes doivent faire l'objet d'une enquête et leurs auteurs doivent être traduits en justice. Malheureusement, la plupart des attaques - mortelles ou non - contre les défenseurs des droits de l'homme ne font l'objet d'aucune enquête et restent impunies, ce qui encourage une culture de l'impunité et favorise la perpétration d'autres attaques.

Top cinq des attaques les plus récurrentes

« Imaginez que tous ceux d'entre nous qui défendent l'Amazonie se retirent, qu'à la fin nous nous retirions des dénonciations par peur ; qu'adviendra-t-il du reste ? Ils seront laissés à la merci des bûcherons et du trafic de drogue, alors ce n'est pas aussi simple de dire je m'en vais ». - Quinto Inuma Alvarado, Mongabay 2022

Quinto Inuma Alvarado était un défenseur des droits de l'homme Kichwa célèbre au Pérou et un dirigeant de la communauté de Santa Rosillo de Yanayaku. Il a participé à des forums nationaux et internationaux pour représenter sa communauté, en partageant des informations sur les menaces qui pèsent sur les peuples autochtones en Amazonie et en plaidant pour des mesures efficaces de protection des droits de l'homme. Lui et les membres de la communauté de Santa Rosillo de Yanayaku subissent des attaques depuis 2017 pour s'être opposés aux activités commerciales illégales et à la déforestation sur leur territoire, notamment des passages à tabac, des enlèvements et des menaces de mort.

Quinto a demandé la protection du bureau du médiateur et du Congrès de la République, et a contribué à porter le cas de la communauté devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme. Il a été l'un des premiers défenseurs des droits de l'homme au Pérou à activer le mécanisme d'alerte précoce du ministère de la justice dans le cadre de son Protocole pour la protection des défenseurs des droits de l'homme et, plus tard, le mécanisme intersectoriel, mais leurs mesures étaient insuffisantes. Il a également demandé l'intervention du bureau du procureur spécial pour les questions environnementales (FEMA) et du bureau du procureur chargé de la lutte contre la drogue. Cependant, les procédures judiciaires ont à peine progressé et ont été retardées et reportées plus d'une dizaine de fois en raison d'un prétendu manque de ressources et du fait que la police a signalé que Santa Rosillo de Yanayaku était trop dangereuse pour qu'elle s'y rende.

Le 29 novembre 2023, Quinto a été tué par des hommes en cagoulés alors qu'il revenait d'un séminaire destiné aux défenseurs de l'environnement à Ucayali. Son assassinat met en lumière les risques graves auxquels sont confrontés les défenseurs des droits des peuples autochtones, la nécessité urgente de renforcer les mesures de protection et d'agir immédiatement pour protéger les droits des peuples autochtones en Amazonie, notamment leurs droits à l'autodétermination, à la terre et au consentement préalable, libre et éclairé, que ses collègues ont soulevés lors de la COP28 et dans d'autres forums internationaux. Le 4 février, des membres de l'organisation criminelle « Los chacales de Santa Rosillo », dont deux autorités locales, ont été arrêtés en tant que suspects du meurtre de Quinto. Plusieurs procédures pénales sont également en cours contre les détenus pour avoir favorisé le trafic illicite de stupéfiants et la destruction des forêts par l'abattage illégal. Le bois issu de l'exploitation forestière illégale se retrouve souvent dans les chaînes d'approvisionnement des entreprises ; on estime que 15 à 30 % du bois commercialisé dans le monde est issu de l'exploitation illégale.  

«Nous demandons l'emprisonnement à vie. Personne ne pourra y remédier. Une famille s'est retrouvée brisée et sans abri. Si l'État avait agi à temps, mon père ne serait pas mort... Nous perpétuerons l'héritage que mon père a toujours voulu laisser, parce que les choses pour lesquelles mon père s'est toujours battu n'ont jamais été pour son bénéfice personnel, c'est pour le bénéfice de toute sa population, et au niveau mondial, qui est la défense des forêts, de ses terres, il y a plus de 23 mille hectares pour lesquels il s'est battu afin qu'ils ne fassent pas l'objet d'une déforestation...» - Kevin Inuma, le fils aîné de Quinto, dans infobae.

Attaques non mortelles

Les attaques non mortelles, y compris l'intimidation, les menaces, la surveillance, les campagnes de diffamation et le harcèlement judiciaire, sont souvent les précurseurs des meurtres - c'est pourquoi il est essentiel que les États collectent des données sur les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme et renforcent leurs mécanismes de protection. Les attaques non mortelles sont utilisées pour intimider les défenseurs des droits de l'homme, leurs familles et leurs communautés, mettre un terme à leur travail en faveur des droits de l'homme, et peuvent avoir un effet dissuasif plus large sur la défense des droits de l'homme et un impact négatif sur le tissu social au sein des communautés.

Le Centre de ressources a suivi 4 436 attaques non mortelles contre des défenseurs des droits de l’homme qui dénoncent les préjudices causés par les entreprises depuis 2015 dans 137 pays - et nous savons qu'il ne s'agit là que de la partie visible de l'iceberg. En 2023, 86% des cas que nous avons suivis étaient non mortels, y compris la détention arbitraire (157), la violence physique (81), l'intimidation et les menaces (80), les poursuites-bâillons (38) etc.

Répression des manifestations publiques et de la désobéissance civile

Partout dans le monde, les gouvernements répriment le droit de manifester, qu'il s'agisse d'attaques contre des ouvriers de l'habillement manifestant pour un salaire décent au Bangladesh ou d'actions en faveur des droits des Palestiniens. De nombreux États adoptent de nouvelles lois restreignant la liberté de réunion et utilisent les lois existantes pour réprimer les défenseurs du climat, ceux-là mêmes qui s'érigent en défenseurs d'une transition juste. Près d'un tiers de la population mondiale vit aujourd'hui dans des pays où l'espace civique est fermé et seulement 2 % de la population mondiale jouit de la liberté de s'associer, de manifester et d'exprimer son désaccord sans contraintes significatives, contre près de 4 % il y a cinq ans.

People across the globe, often led by youth activists, are using a diverse range of strategies to persuade governments to urgently fulfil their duty to protect the right to a clean, healthy and sustainable environment; including direct action and civil disobedience. Engaging in civil disobedience – acts of deliberate law-breaking concerning matters of public interest conducted publicly and non-violently such as blocking roads and traffic, occupying government officials’ offices, and physically attaching oneself to company equipment – is a form of exercising the rights to freedom of expression and freedom of peaceful assembly guaranteed by articles 19 and 21 of the International Covenant on Civil and Political Rights (ICCPR). Respect for these rights is essential for a just transition to green economies. Consultations prior to commencing business projects are often poor and insufficient, with protest becoming one of the only avenues to highlight risks and harms associated with those operations. Understanding these human rights and environmental risks is vital for mitigating harm and ensuring the transition is both fast and just.

Mamunur Rashid via Shutterstock (licensed)

En 2023, nous avons enregistré de nombreux cas d'attaques contre des personnes engagées dans la désobéissance civile pour réclamer une action climatique, notamment l'arrestation de défenseurs autochtones s'opposant au gazoduc Coastal GasLink au Canada (les commentaires de TC Energy sont disponibles ici), l'arrestation de dizaines de personnes protestant contre la production de charbon en Australie, et le harcèlement judiciaire de militants protestant contre le Mountain Valley Pipeline aux États-Unis (une réponse de Mountain Valley Pipeline est disponible ici).

Dans son dernier rapport, publié en février 2024, le Rapporteur spécial des Nations unies sur les militants environnementaux au titre de la Convention d'Aarhus, Michel Forst, a identifié une tendance à la répression et à la criminalisation des manifestations pacifiques en faveur de l'environnement et de la désobéissance civile - en particulier dans l'UE, dans les médias et le discours politique, la législation et la politique, l'application de la loi et les tribunaux, ce qui, selon lui, constitue une menace majeure pour la démocratie et les droits de l'homme.

Le 23 octobre 2023, au moins 30 activistes ont été arrêtés à la suite de manifestations consécutives à l'approbation par l'Assemblée nationale d'un contrat d'exploitation du cuivre dans la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert d'Amérique centrale, exploitée par Minera Panama, une filiale de la société canadienne First Quantum Minerals, compte tenu de la déclaration d'inconstitutionnalité du contrat précédent. Au début de l'année 2024, 21 des personnes arrêtées ont été accusées de terrorisme.

Protest against copper mining in Panama, 2023

Carolina Soto Ramos, Shutterstock (licensed)

Depuis le début des manifestations en octobre 2023, plusieurs personnes ont été blessées, dont le journaliste et activiste Aubrey Baxter, qui a perdu un œil en raison d'un usage excessif de la force par la police. Le 1er novembre 2023, Diógenes Sánchez, membre de l'Association des enseignants panaméens (Asoprof), a été arrêté par la police suite à sa participation active aux manifestations. Le 7 novembre, Abdiel Díaz et Iván Rodríguez ont été abattus par un tireur. Le Centre de ressources a invité Minera Panama et First Quantum Minerals à répondre; ce qu’elles n’ont pas fait.

Aperçu du secteur

Les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme se produisent dans presque tous les secteurs d'activité et dans toutes les régions du monde. Depuis que nous avons commencé à suivre les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme en janvier 2015, les secteurs liés au plus grand nombre d'attaques - l'exploitation minière (1 475), l'agro-industrie (984) et le pétrole, le gaz et le charbon (491) - sont ceux qui alimentent la crise planétaire et qui ont une influence significative sur la question de savoir si la transition énergétique sera juste, étant donné leurs rôles dans l'exploitation des minéraux de transition et l'investissement dans les énergies renouvelables. C'est encore le cas en 2023, l'exploitation minière étant liée à 165 attaques, l'agro-industrie à 117, et le pétrole, le gaz et le charbon à 112. Comme les informations publiques relatives aux liens entre les entreprises et les attaques sont limitées et que de nombreuses attaques ne sont pas documentées, nous pensons que ces chiffres sont plus élevés.

Exploitation minière des minéraux en transition

Les projections de l’Association internationale de l’énergie https://www.iea.org/reports/the-role-of-critical-minerals-in-clean-energy-transitions indiquent que la demande en minéraux de transition sera multipliée par six d'ici 2040 pour soutenir le passage mondial aux technologies énergétiques propres. Il est donc particulièrement urgent que les sociétés minières adoptent et mettent en œuvre des engagements de politique publique visant à ne pas tolérer les attaques contre les défenseurs des droits de l'homme et à ne pas y contribuer. En outre, les sociétés minières doivent respecter pleinement les droits des peuples autochtones, car plus de la moitié des ressources mondiales pour les matériaux essentiels à la transition énergétique se trouvent sur les terres des peuples autochtones ou à proximité de celles-ci.

Les peuples autochtones sont également parmi les premiers touchés par la crise climatique et représentent une grande partie des populations rurales pauvres qui n'ont pas accès à l'énergie. Ils défendent une transition vers les énergies renouvelables qui respecte les droits de l'homme, y compris l'inclusion de leurs droits à l'autodétermination, aux terres, aux territoires et aux ressources, et le droit au consentement préalable, libre et éclairé (CPLE), notamment leur droit de définir le processus par lequel le CPLE est obtenu et de dire non.

Le CPLE n'est pas un simple processus d'engagement ou de consultation des parties prenantes, comme le veut la pratique courante de l'industrie, mais l'expression du droit des peuples autochtones à l'autodétermination, conformément à leurs propres procédures. Il s'agit d'une garantie reconnue par le droit international, qui vise à assurer la réalisation de leurs droits, notamment en ce qui concerne leur identité culturelle, leurs terres, leurs territoires et leurs ressources.

L’outil de suivi des minéraux de transition du Centre de ressources illustre comment les plus grands producteurs mondiaux de certains des minéraux clés nécessaires à la transition vers une économie sans carbone ne tiennent pas compte des risques et des impacts sur les communautés locales, y compris les attaques contre les organisations de la société civile et leurs dirigeants.  Alors que les conséquences de la crise climatique mondiale se multiplient, en particulier pour les communautés autochtones et les autres communautés marginalisées, il est essentiel que la transition énergétique ne se fasse pas à leurs dépens.

La bauxite est l'un de ces minéraux clés. C'est une source primaire d'aluminium, un composant clé de diverses technologies propres essentielles à la réalisation de la transition énergétique. Il s'agit notamment d'une utilisation accrue par le secteur des transports pour la production de voitures hybrides et électriques, et par le secteur de l'énergie pour le développement de l'énergie photovoltaïque, dont l'aluminium représente 85 % des composants.

La demande d'aluminium devrait doubler d'ici 2050. Les réserves et les ressources de bauxite présentent le plus haut degré de chevauchement (94 %) avec des terres autochtones et/ou paysannes. En outre, environ 44 % des réserves mondiales de bauxite sont situées dans des États considérés comme fragiles ou très fragiles, et 68 % de ces États sont perçus comme corrompus ou très corrompus. L'extraction de la bauxite contribue également à la dégradation de l'environnement, les opérations actuelles représentant 2 % des 10 % d'émissions mondiales du secteur minier. Ces facteurs soulignent la nécessité urgente d'identifier et d'atténuer les risques pour les droits de l'homme et l'environnement liés à l'extraction de la bauxite. Le respect des droits de l'homme, la reconnaissance des communautés d'accueil en tant que partenaires égaux et l'engagement du Nord à réduire la demande en minéraux de transition devraient se traduire dans l'élaboration des politiques, les décisions d'investissement et les approches opérationnelles.

L'Inde est le sixième producteur mondial de bauxite, représentant environ 6 % de la production mondiale. La bauxite est exploitée dans plusieurs États de l'Inde, dont l'Odisha. Les communautés autochtones s'opposent depuis de nombreuses années aux projets d'exploitation de la bauxite en Odisha, exprimant leurs inquiétudes quant aux droits de l'homme et aux risques environnementaux liés aux projets proposés par Vedanta Resources, Adani Group et Hindalco Industries Limited. Le Centre de ressources a invité ces entreprises à répondre ; elles ont refuté les allégations.

Niyamgiri Surakhya Samiti (NSS) est une organisation communautaire qui s'oppose à l'exploitation de la bauxite. En août 2023, Krushna Sikaka et Bari Sikaka de NSS ont été enlevés par la police et neuf autres membres de l'organisation ont été accusés de rassemblement illégal pour avoir protesté contre l'enlèvement de leurs collègues. Ces défenseurs sont Ladda Sikaka, Drenju Krushka, Manu Sikaka, Samba Huikia, Lingaraj Azad, Gobinda Bag, Upendra Bag, British Naik et Lenin Kumar.  Le 16 août 2023, trois autres membres du NSS, Dhanful Majhi, Sitaram Majhi et Anil Nayak, ont également été arrêtés.

En outre, le 16 octobre 2023, le gouvernement de l'Odisha a tenu une audience publique concernant le projet d'exploitation de la bauxite de Sijimali proposé par Vedanta Resources. Sur le chemin de l'audience, plusieurs femmes du village de Banteji qui protestaient contre le projet ont été battues par la police. Pendant l'audience, Dibakar Sahu et Jitender Majhi, qui avaient ouvertement critiqué le projet minier, ont été arrêtés. Les organisations de la société civile ont déclaré que le projet risquait de déplacer 100 familles de 18 villages et d'affecter les moyens de subsistance de 500 autres familles. Le Centre de ressources a invité Vedanta Resources à répondre ; la réponse est disponible ici.

Risques liés aux principales initiatives en matière de climat pour les DDH

Les sommets de la COP sur le climat et les partenariats JET nécessitent un espace ouvert pour les échanges et la protection des DDH, les peuples autochtones jouant un rôle essentiel pour assurer une transition rapide et équitable.

Nega Pataxo

COP et restrictions de l'espace civique

Nega Pataxo

COP et restrictions de l'espace civique

Une tendance inquiétante de ces dernières années a été la sélection de pays hôtes pour les sommets climatiques de la COP où l'espace civique est gravement menacé. Si les défenseurs des droits de l’homme ne sont pas en sécurité pour protester et exprimer leurs préoccupations, ces sommets risquent de faire taire des voix et des solutions cruciales pour faire avancer la justice climatique, la transition juste et la responsabilité des entreprises en matière d'impacts climatiques.

En décembre 2024, la COP29 sera accueillie par l'Azerbaïdjan, un pays classé comme «fermé» (score de 16/100) par Civicus en ce qui concerne l'espace civique. En 2022, le Prix Entreprises et droits de l’homme et a été décerné à l'Organisation pour la défense des droits des travailleurs de l’industrie pétrolière (OWRPO) en Azerbaïdjan, qui défend les droits des travailleurs de l'industrie pétrolière et gazière et cherche à obtenir un contrôle public des projets pétroliers et gaziers à grande échelle dans un contexte particulièrement difficile. Au cours de la dernière décennie, le groupe de travail des Nations unies sur les entreprises et les droits de l'homme, Amnesty International et de nombreuses autres organisations de défense des droits de l'homme ont exprimé leur vive inquiétude quant aux restrictions imposées aux défenseurs des droits de l'homme qui travaillent sur les questions relatives aux entreprises et aux droits de l'homme, ainsi qu'à la persécution et au harcèlement de la société civile.

En 2023, nous avons enregistré 13 cas d'attaques contre des défenseurs des droits de l’homme en Azerbaïdjan, dont huit liés à la mine Gedabeck d'Anglo Asian Mining PLC, qui produit du cuivre et du zinc - deux minéraux de transition clés.

La COP30 se tiendra au Brésil, le pays le plus dangereux en 2022 et 2023 pour les défenseurs des droits de l'homme qui dénoncent les préjudices causés par les entreprises. Au cours de sa première année, l'administration dirigée par le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a réalisé des progrès importants en matière de protection de l'Amazonie, de droits des femmes et d'autres droits. Cependant, l'héritage de l'ancien président Bolsonaro en matière de polarisation, de positions anti-environnementales et anti-autochtones, qui a conduit à une explosion de la déforestation et à des attaques contre les peuples autochtones qui ont doublé pendant son mandat, est un défi difficile à relever pour le nouveau gouvernement. La création du ministère des peuples autochtones, dirigé par Sonia Guajajara, qui a mis en place un cabinet de crise pour surveiller les conflits fonciers dans le sud de Bahia, est un signe positif de l'année 2023.

Toutefois, les engagements de l'administration Lula en matière de protection de la biodiversité et de réduction de la déforestation ne seront tenus que si les droits des défenseurs des peuples autochtones et de l'environnement au Brésil sont protégés et que leur leadership est respecté.

Au cours de l'année 2023, nous avons enregistré des attaques contre les communautés autochtones Pataxó et Pataxó Hã-hã-hãe dans le sud de l'État de Bahia. Des individus affiliés au crime organisé, des propriétaires terriens et des éleveurs (souvent soutenus par la police ou les forces armées) ont empiété sur les terres de la communauté autochtone Pataxó Hã-hã-hãe pour les utiliser dans le cadre de projets agro-industriels. Les grands propriétaires terriens du secteur agro-industriel, connus pour avoir démantelé des occupations de terres sans soutien judiciaire dans la région, ont formé un groupe appelé Zero Invasion, qui fait actuellement l'objet d'une enquête pour avoir agi comme une milice rurale en perpétrant des attaques. En janvier 2024, Maria Fátima Muniz de Andrade, connue sous le nom de «Nega Pataxó», a été assassinée lors d'une de leurs tentatives de prise de possession illégale de terres.

Le 30 mai 2023, six pick-up et un camion sont arrivés dans une zone récemment reprise par le peuple Pataxó dans le territoire autochtone de Barra Velha et ont ouvert le feu sur la communauté. Un homme a reçu une balle dans le dos. Le territoire autochtone de Barra Velha est composé de plusieurs villages du peuple Pataxó et a connu d'intenses conflits depuis le début des années 2000. C'est sur ce même territoire que les défenseurs autochtones Samuel Cristiano do Amor Divino et Nawy Brito de Jesus ont été assassinés en janvier 2023.

Indigenous Peoples and the Just Transition conference 2024 - Sonia Guajajara

Violation des droits et criminalisation des autochtones

Indigenous Peoples and the Just Transition conference 2024 - Sonia Guajajara

Violation des droits et criminalisation des autochtones

« Les peuples autochtones sont des acteurs essentiels des solutions climatiques. Les réponses à la crise climatique https://www.business-humanrights.org/en/latest-news/indigenous-peoples-call-for-participation-shared-prosperity-in-clean-energy-transition/ doivent être fondées sur un partenariat avec les peuples autochtones en tant que gardiens de la nature et protecteurs de notre biodiversité. Nous devons mettre fin à la criminalisation des peuples autochtones et respecter leurs droits collectifs et individuels.» Joan Carling, Indigenous Peoples’ Rights International (IPRI)

En 2023, plus d'un cinquième des attaques (22%) visaient des défenseurs autochtones, qui protègent plus de 80% de la biodiversité mondiale restante, alors qu'ils représentent environ 6% de la population mondiale. Plus des trois quarts (78%) de ces attaques ont eu lieu en Amérique latine.

Depuis janvier 2015, nous avons recensé plus de 1000 attaques contre des défenseurs autochtones dans le monde, dont 93% concernaient des atteintes à leurs terres et territoires, au climat et/ou à l'environnement. Comme nous l'avons renseigné dans notre briefing de 2022 avec l'IPRI, certains projets promulgués dans le but d'atténuer le changement climatique et d'atteindre les https://sdgs.un.org/goalsObjectifs de développement durable (ODD)https://sdgs.un.org/goals- notamment les projets d'énergie renouvelable, l'exploitation minière de transition et les initiatives de conservation - menacent les droits et la sécurité des peuples autochtones, y compris leurs droits collectifs à la terre, aux territoires et aux ressources, à la nourriture, à l'eau, au CPLE, aux traditions culturelles et aux coutumes, ainsi que leur droit de défendre leurs droits.

En se basant sur des milliers d'années d'expertise en matière de gestion de l'environnement, les peuples autochtones représentent des leaders essentiels dans la lutte pour la protection de notre planète. Ils sont également parmi les premiers groupes à subir les conséquences directes du changement climatique, bien qu'ils n'aient que très peu contribué à leurs causes. Les entreprises doivent respecter le droit des peuples autochtones à l'autodétermination et à l'exercice du CPLE tel qu'ils le définissent, y compris le droit d’objection. Les États doivent adopter et mettre en œuvre des lois qui protègent les droits spécifiques des peuples autochtones et d'ascendance africaine.

Certaines communautés autochtones et rurales, les entreprises et les investisseurs progressistes, avec le soutien des gouvernements, démontrent déjà qu'il est non seulement possible, mais également avantageux, de réaliser des projets d'énergie renouvelable qui apportent une prospérité partagée et ils reconnaissent le leadership autochtone. Ces projets promettent l’obtention d’un « triple gain »: les communautés et les travailleurs obtiennent des moyens de subsistance décents, des sources de revenus durables, la protection environnementale et le contrôle des projets au sein de leurs communautés. En même temps, les investisseurs et les entreprises bénéficient d'un environnement stable et propice aux investissements, et notre planète bénéficie d'une action de transition rapide vers le rétablissement d'un climat stable. Les communautés autochtones sont souvent à l'avant-garde de ces modèles, surtout dans les pays où leurs droits fonciers sont mieux protégés.

Par exemple, la Première nation Neqotkuk, dans l'est du Canada, détient 51% des parts du projet énergétique Wocawson avec Natural Forces (49%), une société spécialisée dans les énergies renouvelables qui a développé ses activités en établissant des partenariats avec des communautés autochtones dans le cadre de projets solaires et éoliens. Le projet a généré plus de 400 000 $US pour la communauté au cours de la première année, ce montant devrait doubler au cours de la suivante. Les recettes ont été consacrées en partie aux infrastructures communautaires, en particulier au logement, afin de réduire la promiscuité. Les entreprises, les investisseurs et les gouvernements doivent s'engager davantage à soutenir les modèles de copropriété/équité fondés sur les droits de l'homme, car ils représentent une occasion de repenser le secteur énergétique sur la base de la justice et de l'équité.

EV supply chains 2023

Partenariats pour une transition énergétique juste (JET-P)

EV supply chains 2023

Partenariats pour une transition énergétique juste (JET-P)

Le modèle de financement des partenariats pour une transition énergétique juste (JET-P), annoncé lors de la COP26 à Glasgow, fournit un financement de plusieurs milliards de dollars pour aider les économies émergentes fortement dépendantes du charbon à basculer vers des sources d'énergie plus propres. Les trois premiers partenariats ont été conclus avec l'Afrique du Sud, l'Indonésie et le Viêt Nam.

Le financement de la transition complète du charbon vers les énergies renouvelables est essentiel pour atténuer la crise climatique. Il est également essentiel que cette transition soit respectueuse des droits et que ces gouvernements veillent à la protection des droits des DDH. L'Indonésie est l'un des pays les plus dangereux pour les DDH qui s'inquiètent des préjudices causés par les entreprises, notamment concernant l'huile de palme et les projets miniers. Par exemple, les peuples autochtones d’O'Hongana Manyawa militent pour la défense de leurs territoires coutumiers contre l'exploitation du nickel sur l'île d'Halmahera, dans la province indonésienne de Maluku Nord. Les activités d'extraction du nickel ont affecté de vastes zones de la forêt tropicale à Halmahera, où vivent les clans O'Hongana Manyawa, dont certains se sont volontairement isolés. L'exploitation minière sur leurs terres est illégale au regard du droit international, car les peuples autochtones en situation d'isolement volontaire et au premier contact ne peuvent donner leur consentement préalable libre et éclairé. Un rapport récent de Climate Rights International (CRI), basé sur des entretiens avec des personnes vivant à proximité des opérations d'extraction et de fusion de nickel, décrit les graves menaces qui pèsent sur leurs droits fonciers, leurs droits de pratiquer leurs modes de vie traditionnels, leur droit d'accès à l'eau potable et leur droit à la santé en raison de ces activités d'extraction et de fusion. En outre, les membres de la communauté qui ont refusé de vendre leurs terres ou qui ont fait part de leurs préoccupations relatives aux préjudices liés au projet ont déclaré avoir été victimes d'intimidations, de menaces et de représailles de la part de la police et des représentants des entreprises. CRI a contacté les entreprises mentionnées dans le rapport; certaines réponses figurent à l'annexe 1. Le Centre de ressources a contacté les entreprises qui n'ont pas répondu à CRI; seule POSCO a fourni une réponse.

En décembre 2022, le gouvernement vietnamien a conclu avec le Royaume-Uni, les États-Unis et d'autres pays du G7 un partenariat pour une transition énergétique juste (JETP) d'une valeur de 15,5 milliards de dollars US. Pourtant, ces dernières années, le gouvernement vietnamien a intensifié le ciblage et la criminalisation des personnes qui soulèvent des questions environnementales. Étant donné les restrictions importantes imposées à l'espace civique au Viêt Nam, il est difficile d'accéder aux informations publiques relatives à l'ampleur des attaques. Cependant, depuis 2021, le gouvernement a fomenté des lois ambiguës pour détenir et emprisonner six leaders et experts du climat et cibler des organisations environnementales, obligeant nombre d'entre elles à se terrer. Les personnes détenues et emprisonnées comprennent Mme Nguy Thi Khanh, qui a passé 16 mois derrière les barreaux après avoir milité pour la réduction des plans d'expansion du charbon du gouvernement et avoir recherché des solutions solaires; l'éminent avocat de l'environnement, M. Dang Dinh Bach, qui purge une peine de cinq ans après avoir consacré sa vie à la protection des communautés contre la pollution nocive, à l'élimination progressive des déchets plastiques et au soutien de la transition vers les énergies propres; Mme Hoang Thi Minh Hong, boursière de la Fondation Obama, qui purge une peine de trois ans de prison après avoir fondé et dirigé le groupe environnemental CHANGE Vietnam, qui se consacrait aux énergies propres et aux solutions de conservation de la faune et de la flore. Plus récemment, en septembre 2023, Mme Ngo Thi To Nhien, directrice exécutive de l’Initiative Vietnamienne pour la Transition Energétique (VIETse), a été arrêtée pour «appropriation d'informations ou de documents» et est actuellement en détention préventive.

Pour que les JET-P soient réussis, la société civile doit être en mesure de surveiller les droits de l'homme et les risques environnementaux associés aux projets des entreprises et de s'engager librement dans la réalisation d'une transition énergétique juste.

De nombreuses attaques impliquent une confrontation entre l'État, le secteur privé et d'autres acteurs non étatiques, comme le crime organisé, dans des contextes où le degré d'impunité est élevé. Il est donc souvent difficile d'en identifier les coupables. En 2023, les coupables directs d’attaques les mieux reconnus étaient principalement les acteurs étatiques, la police et le système judiciaire, suivis de l'armée et des services de renseignement de l'État. Toutefois, cela ne signifie pas que les entreprises n'ont pas été impliquées dans les attaques. Dans les 630 cas d'attaques documentés en 2023, les DDH ont fait part de leurs préoccupations concernant des préjudices réels ou prévisibles liés aux entreprises. Une entreprise particulière a été mentionnée dans 50% des cas.

De plus, les entreprises savent - ou devraient savoir - que les personnes qui critiquent leurs activités ou leur secteur d'activité sont exposées à des risques et devraient s'efforcer de prévenir et d'atténuer ces attaques. Si les entreprises causent ou contribuent à la violation des droits de l'homme dont sont victimes les DDH, leur responsabilité est claire: mettre fin à la violation, traiter et réparer les préjudices causés. Même dans les cas où il n'y a pas de liens directs apparents entre les entreprises/investisseurs et les attaques, les acteurs économiques ayant des activités, des chaînes d'approvisionnement, des relations d'affaires et/ou des investissements sont censés, de manière proactive, user de leur influence pour promouvoir le respect des droits des DDH et des libertés civiques. Par ailleurs, les restrictions des libertés civiques signalent des contextes plus risqués pour l'investissement et l'activité économique et créent une « boîte noire d'informations » pour les entreprises et les investisseurs, rendant plus difficile la mise en œuvre d'une diligence raisonnable solide en matière de droits de l'homme.

Acteurs du secteur privé

Les entreprises sont souvent associées aux attaques contre les DDH, même lorsque les acteurs étatiques en sont les auteurs directs. Il s'agit notamment d'appeler la police ou les forces de sécurité de l'État pour disperser des manifestations pacifiques, de coopérer avec les services répressifs de l'État, par exemple en fournissant des services ou des produits permettant la surveillance, et d'entraver la syndicalisation. D'autres tactiques utilisées par les entreprises pour usurper des terres et des ressources, souvent instigatrices de conflits et d'attaques, consistent à diviser les communautés et à s'engager dans des processus de consultation inadéquats.

L’emprise des entreprises - lorsque les acteurs économiques utilisent leur poids politique pour influencer le processus décisionnel des États à leur profit - est également très répandue dans le monde. Il peut s'agir, entre autres, de se liguer contre la réglementation relative à la protection environnementale, de rédiger des lois en privé avec les législateurs pour limiter le droit d’objection et d'exploiter les lacunes de la gouvernance à l'avantage des entreprises.

En outre, les acteurs du secteur privé peuvent abuser des systèmes judiciaires à leur profit, comme c'est le cas avec les poursuites-bâillons (SLAPP). En 2023, nous avons identifié 38 procès qui présentent les caractéristiques des SLAPP.

En juin 2023, Lithium Nevada Corporation (qui fait partie de Lithium Americas) a intenté un procès contre sept personnes et l’organisation environnementale Protect Thacker Pass, dans le but de leur interdire l'accès aux sites de construction de la mine de lithium de Thacker Pass, dans le Nevada, aux États-Unis. Le procès vise également à obtenir des millions de dollars d’indemnisation.

Peehee Muhuh / Thacker Pass USA
Peehee Muhuh / Thacker Pass

Parmi les accusés figurent Dean Barlese, ancien chef spirituel réputé de la tribu Paiute du Lac Pyramid, Dorece Sam de la tribu Paiute-Shoshone de Fort McDermitt, Bhie-Cie Zahn-Nahtzu (Te-Moak Shoshone et Washoe), Bethany Sam des tribus Sioux de Standing Rock et Kutzadika'a Paiute, le directeur fondateur des Droits communautaires américains Paul Cienfuegos, ainsi que Max Wilbert et Will Falk de l'association Protect Thacker Pass. Ils se sont opposés à la mine, car la région est considérée comme sacrée par la colonie indienne de Reno-Sparks, la tribu Paiute de Summit Lake et la tribu Burns Paiute. L'affaire relate des prières et des protestations non violentes en date du 25 avril 2023, et l'établissement d'un camp de prière à Thacker Pass qui a été perquisitionné et démantelé par la police le 8 juin 2023. L'entreprise a obtenu une ordonnance restrictive temporaire, qui interdit aux défendeurs et à «tout tiers agissant conjointement» d'interférer avec la construction, de bloquer les routes d'accès ou même de se circuler dans la région. Le Centre de ressources a invité Lithium Americas à répondre; la réponse est disponible ici

Entreprises publiques et entreprises sous contrôle de l'État 

Les entreprises publiques et les entreprises sous contrôle de l’État sont également des auteurs fréquents de violations des droits de l'homme, malgré le devoir de l'État de protéger les droits de l'homme et le contrôle supplémentaire qu'il exerce sur les activités de ces entreprises. Pourtant, les PDNU indiquent clairement que les États doivent «prendre des mesures supplémentaires pour se protéger contre les violations des droits de l'homme commises par les entreprises commerciales détenues ou contrôlées par l'État, ou qui bénéficient d'un soutien et de services substantiels de la part d'organismes publics comme les agences de crédit à l'exportation et les agences officielles d'assurance ou de garantie des investissements, y compris, le cas échéant, en exigeant une diligence raisonnable en matière de droits de l'homme ». En 2023, l’entreprise liée au plus grand nombre d'attaques étaient détenue par l'État: State Industries Promotion Corporation de Tamil Nadu Ltd (SIPCOT).

Le projet de corridor transisthmique est une initiative du gouvernement mexicain qui prévoit de relier le golfe du Mexique à la côte pacifique comme alternative au canal de Panama. Le projet comprend le développement d'un corridor commercial et industriel entre le golfe du Mexique et l'océan Pacifique, la construction de ports commerciaux, d'un réseau de routes primaires et secondaires, de réseaux de connectivité numérique, d'un gazoduc, ainsi que de dix parcs industriels, avec la participation d'entreprises publiques et privées. Ces projets mettent en péril les moyens de subsistance des 12 communautés autochtones vivant dans la région, ainsi que la préservation de leur territoire et de leur environnement. L'Union des communautés autochtones de la zone nord de l'isthme (Ucizoni) est une organisation de la société civile qui soutient les communautés touchées par la construction en cours du projet dans la région de l'isthme d'Oaxaca, au Mexique.

Union of Indigenous Communities of the Northern Zone of the Isthmus (Ucizoni), Mexico

UCIZONI

En mars 2023, la police a attaqué un camp de protestation de l’Ucizoni, qui bloquait la ligne ferroviaire Mogoñe Viejo-Vixidu depuis 24 jours. À la suite de cette attaque, 11 membres de la communauté ont été informés qu'ils faisaient l'objet d'une enquête pénale et, le 28 avril, six d'entre eux, Maria Magdalena Martinez Isabel, Esperanza Martinez Isabel, Elizabeth Martinez Isabel, Eliodoro Martinez Isabel, Fernando Hernández Gomez et Adela Severo Teodoro, ont été arrêtés. Le même mois, Carlos Beas, le directeur de l'organisation, reçoit des menaces de mort. En août 2023, l’Ucizoni a signalé une «présence harcelante et intimidante» dans les bureaux de l'Union et au domicile de son coordinateur, Carlos Beas, ainsi que la détention arbitraire de Juana Inés Ramírez.

Progrès en matière de législation, d'engagements volontaires et de principes

Depuis le début de 2024, l’avancée la plus importante liée aux entreprises et aux DDH a été l'approbation de la directive sur le devoir de diligence des entreprises en matière de développement durable par les États membres de l'Union européenne (UE) et le Parlement européen. Après une décennie de plaidoyer de la société civile, cette législation contraignante historique exige aux entreprises de l'UE d’évaluer, de prévenir et de traiter les impacts sur les droits de l'homme et l'environnement dans leurs chaînes de valeur mondiales. Le texte final (en particulier dans les considérants) inclut une mention sur les DDH, la déclaration sur les DDH et les mentionne en tant que parties prenantes dont les droits ou les intérêts pourraient être affectés par l'activité des entreprises. Cela indique que la protection des DDH et leur consultation constituent un élément essentiel de la diligence raisonnable en matière de droits de l'homme et d'environnement. Cela montre que la protection des DDH et leur consultation constituent un élément essentiel de la diligence raisonnable en matière de droits de l'homme et d'environnement.

Un autre instrument contraignant essentiel a été adopté ces dernières années: l'accord d'Escazú en Amérique latine et dans les Caraïbes, qui est entré en vigueur en avril 2021. Il s'agit du premier instrument juridiquement contraignant au monde à inclure des dispositions spécifiques sur les défenseurs des droits de l'environnement, exigeant aux gouvernements de fournir des conditions sûres et favorables aux DDH et de veiller à ce que les auteurs d'attaques à leur égard fassent l'objet d'enquêtes et de poursuites.

Parmi les autres développements clés en 2023 et 2024 à ce jour, on peut citer:

  • la mise à jour des principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales, qui invitent désormais les entreprises à s'abstenir de représailles contre les DDH, à traiter les préjudices liés aux représailles dans leurs propres activités et celles de leurs partenaires d’affaires, et à contribuer à la promotion d'espaces sûrs. Les mises à jour prévoient également que les entreprises identifient et traitent leurs impacts négatifs sur le changement climatique, le bien-être des animaux, la biodiversité, la déforestation, la pollution et d'autres préoccupations environnementales.
  • L’élaboration d'indicateurs par le Service international pour les droits de l'homme qui fournit des orientations sur les préalables au contrôle de la mise en œuvre de la responsabilité des entreprises de respecter les droits des DDH. Ces indicateurs s'appuient sur le guide 2021 du groupe de travail des Nations unies sur les entreprises et les droits de l'homme, qui a fait date, pour garantir le respect des Défenseurs des Droits de l’Homme, ainsi que sur le document du centre de ressources et de l'ISHR intitulé «Shared Space Under Pressure: Business Support for Civic Freedoms and Human Rights Defenders, Guidance for Companies, » publié en 2018.
  • Nomination de Michel Forst, ancien rapporteur spécial des Nations unies sur les DDH, au poste du tout premier Rapporteur spécial sur les défenseurs de l’environnement au titre de la convention d'Aarhus, qui protège le droit de vivre dans un environnement sain au sein de l'UE. Il s'agit du premier mécanisme de ce genre (protégeant spécifiquement les militants environnementaux) à être établi dans un cadre juridiquement contraignant, que ce soit dans le cadre du système des Nations unies ou d'une autre structure intergouvernementale.
  • Publication en mars 2024 d'un rapport de David Boyd, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme et l’environnement, évaluant les insuffisances des cadres normatifs volontaires pour veiller à ce que les entreprises respectent les droits de l'homme et clarifiant les obligations des États de protéger le droit à un environnement propre, sain et durable contre les préjudices causés par les entreprises.
  • Prochain avis consultatif sur le changement climatique par la Cour interaméricaine des droits de l'homme, par lequel la Cour peut élaborer des normes pour les États afin de protéger les DDH dans le contexte d'opérations commerciales nuisibles liées à la crise climatique (les commentaires publics du Centre de ressources sur l'avis sont disponibles ici).
  • Publication d'une déclaration https://www.business-humanrights.org/en/latest-news/indigenous-peoples-call-for-participation-shared-prosperity-in-clean-energy-transition/ rédigée par 87 représentants des peuples autochtones participant à la Conférence sur les peuples autochtones et la transition juste https://iprights.org/index.php/en/just-transition-2024 en avril 2024, qui énonce les principes fondamentaux d'une transition énergétique qui respecte les droits de l'homme, l'équité sociale, l'intégrité culturelle, l'inclusivité, la participation pleine et effective et la prospérité partagée des peuples autochtones.
  • Publication par les États-Unis et l'UE d'un guide commun à l'intention des plateformes en ligne, qui énonce dix mesures pratiques que les plateformes peuvent prendre à l'échelle mondiale pour prévenir, atténuer et réparer les attaques visant les DDH en ligne.
  • Le 31 janvier 2024, des membres du Congrès américain ont présenté un projet de loi visant à renforcer les protections du gouvernement américain pour les DDH dans le monde.
  • Publication des Principes volontaires sur la sécurité et les droits de l'homme (PV) Guidance on Respecting the Rights of Human Rights Defenders en 2023, qui recommande aux entreprises extractives, agro-industrielles et autres qui mettent en œuvre les PV d'élaborer, de divulguer et de mettre en œuvre une politique de tolérance zéro pour les menaces et les attaques contre les DDH; d'intégrer les DDH dans leur évaluation des risques des PV et leur diligence raisonnable en matière de droits de l'homme; et de consulter les DDH, entre autres. Le guide indique également que l'Initiative des principes volontaires (IPV) a la responsabilité de soutenir les DDH et la possibilité de défendre l'État de droit, la gouvernance responsable et les libertés civiques dont dépendent les entreprises et la société civile.
  • Publication des principes d'Unilever en faveur des DDH et des orientations de mise en œuvre en septembre 2023 - l'engagement politique le plus détaillé de l'entreprise à ce jour en faveur des DDH et le seul à inclure des orientations sur la manière de mettre en œuvre cet engagement.

Bien que la publication de la politique et les directives de mise en œuvre d'Unilever ainsi que les orientations de l’IPV constituent des jalons importants vers des engagements politiques supplémentaires de la part des acteurs économiques de ne pas tolérer les attaques contre les DDH, la plupart des entreprises ne parviennent pas à atteindre les exigences minimales. L’outil de suivi des politiques du Centre de ressources - qui examine les engagements politiques publiquement disponibles en faveur des DDH sur la base des évaluations de l’Indice de référence : droits de l'homme dans les entreprises (CHRB) - a révélé que seules 46/260 entreprises évaluées par le CHRB s'étaient publiquement engagées à ne pas tolérer les attaques contre les DDH ou à ne pas y contribuer. Seules neuf entreprises ont rempli les trois critères du CHRB: s'engager à ne pas tolérer ni contribuer aux attaques, s’attendre à la même chose dans leurs relations d'affaires, et mobiliser activement les DDH pour créer des environnements favorables. Seules cinq entreprises minières se sont politiquement engagées à ne pas tolérer les attaques contre les DDH ou à ne pas y contribuer, et s'attendent à ce que leurs partenaires d'affaires fassent de même, bien que le plus grand nombre d'attaques soit lié à ce secteur. Aucune société minière ne remplit les trois indicateurs du CHRB, ce qui est très préoccupant étant donné que l'exploitation minière est liée au plus grand nombre d'attaques contre les DDH chaque année.

Etats, entreprises et investisseurs

L'ampleur des attaques contre les défenseurs de nos droits et du climat contre les préjudices liés aux entreprises montre l'échec des gouvernements à protéger les droits de l'homme - et illustre la manière dont l'action volontaire des entreprises et des investisseurs est insuffisante pour prévenir, arrêter et réparer les préjudices. Nous appelons les États à remplir leur devoir de protection des droits des DDH et les acteurs économiques à respecter les droits des DDH en prenant des mesures immédiates sur ces recommandations.

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Recommandations pour les Etats

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Recommandations pour les Etats

Pour les États:

  • Adopter et mettre en œuvre une législation qui reconnaisse le droit de défendre les droits et le rôle essentiel des DDH dans la promotion des droits de l'homme, du développement durable et d'un environnement sain, et s'engager à une tolérance zéro pour les attaques (de plus amples recommandations sont disponibles ici). Cela doit inclure la reconnaissance légale des droits spécifiques des peuples autochtones et afro-descendants (de plus amples recommandations sont disponibles ici).
  • Mettre pleinement en œuvre l'Accord de Paris et adhérer aux principales normes internationales et régionales protégeant les libertés civiques des DDH ou, si elles ont déjà été ratifiées, les mettre pleinement en œuvre. Cela implique le respect des obligations internationales relatives aux libertés civiques dans leur réponse aux manifestations pacifiques et à la désobéissance civile, et de cesser d’user de mesures conçues pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé à l'encontre des défenseurs de l'environnement.
  • Adopter des lois nationales pour mettre en œuvre les PDNU, y compris la législation obligatoire sur la diligence raisonnable en matière de droits de l'homme, et consulter les DDH à tous les niveaux de ce processus. Cette législation devrait exiger aux acteurs économiques de s'engager dans une consultation permanente, sûre et efficace avec les DDH et les autres détenteurs de droits potentiellement ou directement affectés, devrait faire partie intégrante des plans d'atténuation et d'adaptation au climat, et devrait s’aligner sur les orientations du groupe de travail des Nations unies sur les défenseurs et d'autres normes clés mentionnées ci-dessus (de plus amples recommandations sont disponibles ici).
  • Collecter et déclarer les données sur les attaques mortelles et non mortelles afin de mettre en place des mécanismes de protection plus efficaces et adopter une législation anti-SLAPP pour empêcher les entreprises de bâillonner les DDH (de plus amples recommandations sont disponibles ici).
  • Garantir un recours effectif aux violations lorsqu'elles se produisent, notamment en renforçant les systèmes judiciaires pour mettre fin à l'impunité puis en tenant les entreprises pour responsables des actes de représailles contre les DDH, et en participant activement aux enquêtes et aux poursuites contre les auteurs d'attaques.
  • S'engager activement et de manière constructive dans les négociations en vue d'adopter un traité contraignant des Nations unies sur les entreprises et les droits de l'homme et veiller à ce qu'il reconnaisse explicitement les risques auxquels les DDH sont confrontés et leur droit à défendre les droits de l'homme.
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Recommandations pour les entreprises

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Recommandations pour les entreprises

Pour les entreprises:

  • Adopter et mettre en œuvre des engagements de politique publique, accompagnés d'orientations et de plans de mise en œuvre, qui reconnaissent le rôle précieux des DDH, mentionnent les risques spécifiques pour les DDH, garantissent un engagement et une consultation efficaces des DDH à tous les niveaux du processus de diligence raisonnable, et s'engagent à une politique de tolérance zéro pour les attaques dans toutes les opérations, les chaînes d'approvisionnement et les relations d’affaires des entreprises.
  • S'engager et en rendre compte du processus de diligence raisonnable en matière de droits de l'homme et d'environnement qui intègre une perspective d’intégration de la dimension genre, et garantir un accès effectif aux voies de recours pour les personnes lésées par les activités des entreprises, conformément aux PDNU, aux orientations du groupe de travail des Nations unies sur la garantie du respect des DDH et aux orientations du groupe de travail des Nations unies sur le genre.
  • Reconnaître que les défenseurs autochtones sont exposés à des risques disproportionnés, créer et mettre en œuvre des engagements publics pour le respect les droits des peuples autochtones, fondés sur leurs droits à l'autodétermination (terres, territoires et ressources) et leur droit au consentement préalable, libre et éclairé (CPLE), y compris leur droit de définir le processus par lequel le CPLE est obtenu et de refuser de consentir (de plus amples recommandations sont disponibles ici).
  • S'engager publiquement à remédier aux impacts négatifs sur les DDH qu'elle a causés ou auxquels elle a contribué et à collaborer avec les fournisseurs pour remédier aux impacts négatifs directement liés à ses opérations, produits et services. Cela comprend la mise en place et l'affectation adéquate de ressources aux mécanismes sûrs, efficaces et accessibles de réclamation et de responsabilité, alignés sur les PDNU, qui incluent des protections pour les DDH et les dénonciateurs, traitent les plaintes des tiers et assurent un suivi rigoureux dans le traitement et la réparation des griefs.
  • Reconnaître publiquement que les DDH ont le droit de défendre les droits de l'homme et qu'ils sont des alliés essentiels pour aider les entreprises à assumer leurs responsabilités au titre des PDNU.
  • S'abstenir de toute activité de lobbying, de dépenses politiques et d'autres formes directes ou indirectes d'engagement politique visant à entraver les libertés civiques ou à affaiblir les lois qui obligent les entreprises à se tenir responsables des violations des droits de l'homme et de la destruction de l'environnement.
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Recommandations pour les investisseurs

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Recommandations pour les investisseurs

Pour les investisseurs:

  • Publier une politique publique en matière de droits de l'homme qui reconnaisse le rôle précieux des DDH dans l'identification des risques émanant des activités des entreprises et qui s'engage à adopter une approche de tolérance zéro à l'égard des attaques contre les DDH. Communiquer clairement aux entreprises du portefeuille les attentes en matière de droits de l'homme incluses dans cette politique en précisant surtout que les entreprises doivent:
  • divulguer les risques liés aux droits de l'homme et à l'environnement;
  • s'engager dans une consultation permanente avec les communautés, les travailleurs et les DDH;
  • asseoir des politiques et des procédures visant à respecter les droits des peuples autochtones (notamment les droits fonciers et le consentement préalable libre et éclairé);
  • respecter les droits des DDH; et
  • garantir un accès efficace aux voies de recours en cas de préjudice.
  • Appliquer un devoir de vigilance rigoureux en matière de droits de l'homme et d'environnement qui intègre la dimension du genre et vérifier si les éventuels investissements n’ont jamais fait l’objet de représailles dans le passé. Il s'agit notamment de consulter les détenteurs de droits et de ne pas se fier à l'auto-déclaration des entreprises pour savoir si le droit des peuples autochtones à un consentement préalable, libre et éclairé a été respecté.
  • Éviter d'investir dans des entreprises ayant des antécédents de violations des droits de l'homme et de l'environnement et de représailles à l'encontre des DDH.
  • Utiliser comme levier les entreprises d'investissements qui causent, contribuent ou portent directement atteinte aux droits de l'homme et à l'environnement, y compris les attaques contre les DDH, pour favoriser l’atténuation de l'impact de la part des entreprises et permettre aux personnes concernées d'accéder aux voies de recours.

Auteurs: Hannah Matthews et Christen Dobson

Autres chercheurs: Ana Zbona, Lady Nancy Zuluaga Jaramillo, Vitória Dell'Aringa Rocha, Ella Skybenko, Vladyslava Kaplina, Valentina Muñoz Bernal et Claudia Ignacio Alvarez.

Le Centre de ressources salue également le travail vital de nombreux DDH, d'organisations de la société civile et de journalistes qui recueillent et partagent des informations sur les attaques auxquelles les DDH sont confrontés. Notre travail ne serait pas possible sans eux.

Le Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l'homme est une ONG internationale qui évalue l'impact sur les droits de l'homme de plus de 10 000 entreprises dans plus de 180 pays, et il met les informations à disposition sur son site web en 10 langues. Le programme du Centre de ressources sur les libertés civiques et les défenseurs des droits de l'homme s'attaque aux causes profondes des meurtres et des violences à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme et de l'environnement liés aux activités des entreprises et aux chaînes d'approvisionnement mondiales; il plaide en faveur de pratiques respectueuses des droits et de la responsabilité des entrepreneurs; il accroît l'action immédiate et l'engagement durable des entrepreneurs en faveur des défenseurs et des libertés civiques afin de prévenir les attaques contre les défenseurs et de leur permettre de défendre les droits de l'homme en toute sécurité.